Maladies neuro-dégénératives

Gérer les nuits difficiles chez le malade d'Alzheimer

Par Stéphane de Vendeuvre -  Co-fondateur de Théragora

Théragora - www.theragora.fr - Année 2017 - Théragora N° 1 Juin - Page 0

Les troubles du sommeil sont fréquents chez les personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer : altération de la qualité du sommeil, désorganisation du rythme veille/sommeil, voire déambulation nocturne. Tour d’horizon et préconisations.

Le sommeil se modifie au cours du vieillissement normal et peut être profondément affecté par certaines maladies neuro-dégénératives. Les patients qui souffrent de démences présentent à la fois des modifications de l’architecture de leur sommeil et des perturbations importantes de leurs rythmes circadiens.

De 40 à 70 % des personnes ayant la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée éprouvent des problèmes de sommeil qui ont tendance à être  plus  graves,  et  qui  peuvent  être  épuisants  pour  la personne atteinte et son aidant.

 

Inversion complète du cycle habituel

Une fois la maladie d’Alzheimer diagnostiquée et donc au stade symptomatique, la fréquence des troubles du sommeil augmente encore. Ainsi, les personnes touchées se plaignent d’une altération de la qualité de leur sommeil, d’insomnie, de désorganisation du rythme veille/sommeil, voire de déambulation nocturne au point de rendre la vie au domicile impossible.

D’après des experts, les personnes qui en sont au stade tardif de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée sont éveillées pendant environ 40 %  du temps où elles sont au lit la nuit, et elles dorment beaucoup pendant la journée. Dans les cas extrêmes, on constate une inversion complète du cycle habituel; la personne dort le jour et est éveillée la nuit.

Ces perturbations sont d'autant plus importantes que le patient est très âgé et présente, en outre, un état de confusion et d'anxiété. Ceci le prédispose à des moments d'agitation au cours, par exemple, d'un réveil nocturne.

 

Ritualiser le moment du coucher


Une bonne hygiène du sommeil est dans ce cas indispensable pour prévenir une telle situation.

Voici quelques exemples de règles simples que vous pouvez adopter :

  • Limitez la durée de sa sieste, qui ne doit pas dépasser 20 minutes.
  • Proposez lui des horaires de coucher et de lever réguliers, dans un contexte serein.
  • Evitez la lumière durant la nuit, ou utilisez une veilleuse en cas de lever nocturne.
  • Réduisez en soirée les excitants comme le café, l’alcool, le chocolat.

Ces déambulations nocturnes ont généralement des conséquences directes sur l'entourage de la personne malade. Il est souvent difficile pour vous, les proches, de les supporter, car il devient complexe de dormir et de récupérer.
Paradoxalement, si votre proche marche la nuit, il dormira probablement beaucoup dans la journée, ce que vous ne ferez certainement pas.

Le moment du coucher a tout intérêt à être ritualisé pour aider la personne à comprendre ce que l’on attend d’elle et lui permettre de s’abandonner au sommeil.

 

Anticiper le coucher

L’anxiété est souvent accrue en fin de journée ou en début de soirée. Elle est liée à la tombée de la nuit et à la fatigue accumulée tout au long de la journée.

On appelle cela "l'agitation vespérale". Elle correspond à une augmentation marquée de l'agitation, de la confusion mentale et de la déambulation en fin de journée ou en soirée. Entre 10% à 66% des personnes âgées de la maladie d’Alzheimer présentent ce syndrome. Il serait lié à une dysrégulation de la température corporelle causée par la maladie d’Alzheimer ou à la dégénérescence des neurones cholinergiques.

 

Prévenir la déambulation nocturne

La nuit est un moment où la personne atteinte d’une maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée risque le plus de se mettre en danger. Il n’est pas rare que, la nuit, le sentiment d’abandon et l’anxiété poussent la personne à quitter un lieu devenu étranger.

Elle peut aussi penser, lors de ses réveils successifs, que l’heure est venue de s’activer, déjeuner, s’habiller… ou encore supposer, à l’heure qu’elle voit au réveil, que, normalement, il devrait faire jour et s’en inquiéter.

Dans ces différentes situations, la personne se met en mouvement et parfois, tente de sortir de chez elle. Pour éviter cela, il faut essayer de comprendre pourquoi la personne âgée se lève la nuit :

  • souvent la personne peut avoir faim ou soif, pour éviter qu’elle se déplace, on peut disposer à manger ou à boire à proximité du lit ;
  • elle peut aussi avoir envie d’aller aux toilettes, il est donc préférable de laisser la lumière dans la salle de bain ou le couloir pour qu’elle repère l’endroit plus facilement.

L'avis du médecin est indispensable pour éliminer une cause curable à des levers trop fréquents (douleurs d'arthrose en poussée, infections urinaires en cours, ventre douloureux avec diarrhée ou non, fièvre qui agite, etc.), revoir la préparation de la nuit voire prescrire un somnifère ou un traitement limitant les éventuelles hallucinations.

Pour éviter les chutes, des équipements simples comme des détecteurs de mouvement permettent que les lumières s’allument automatiquement dans la pièce où la personne malade entre.

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