On le savait. On en a une nouvelle fois la confirmation. Le courage et l’audace ne sont pas les grandes qualités de nos gouvernants et de nos élus. On en a eu la preuve manifeste, et peu étonnante, il faut le dire, avec le rejet par les députés de la proposition « transpartisane» tendant à limiter la liberté d’installation des médecins libéraux dans les territoires où l’offre de soins est déjà suffisante (se reporter à l’article détaillant ce texte sur Theragora)
Le ministre de la santé François Braun, qui craignait plus que tout que ce texte soit accepté et adopté par la représentation nationale n’a pas eu de mots assez durs pour dénoncer cette initiative qui a fait trembler jusqu’au plus haut de l’Etat. Il a été soutenu en cela par la Première Ministre qui ne voulait pas énerver ( c'est le mot employé par un praticien) et surtout se mettre dos, les médecins libéraux et risquer un affrontement avec les syndicats et le monde médical alors que le gouvernement a eu déjà eu bien du mal à faire accepter aux généralistes une augmentation bien plus modeste que celle qu’ils espéraient et qu'ils ne désespèrent toujours pas d'obtenir. Il n’empêche. Le lobby médical a fonctionné à plein régime et c'est par 168 voix contre 127 que le texte a été rejeté malgré le vote de certains députés de droite et quelques élus de groupes politiques faisant parti de majorité présidentielle. Mais ce sont les voix du groupe Renaissance et du Rassemblement National qui ont fait la différence. « Les pouvoirs publics restent tétanisés face à des médecins qu’ils considèrent comme un puissant relais d’opinion », expliquait dans le journal « Le Monde » un économiste.
Pourtant force est de constater que ce texte défendu par des élus des groupes différents-sauf ceux du Rassemblement National- n'avait rien de véritablement provocateur pour les médecins. Mais ceux ci ne supportent toujours pas que l'on touche, même à la marge, à leur sacro-sainte loi de la liberté d'installation. Ils ont raté l'occasion de montrer leur sens des responsabilités vis à vis des français qui courent à la recherche d'un médecin de proximité et d'un médecin traitant Le gouvernement a raté l'occasion de faire preuve d'indépendance vis à vis de groupes de pression. Même s’il accepté que dans les déserts médicaux, puisse être expérimentée une option santé dans les lycées, afin d'encourager les vocations médicales et paramédicales. On doute de l’efficacité d’une telle mesure. Même si le principe est intéressant. Un gadget selon un dépité socialiste. C’est en tout les cas bien peu face aux besoins criants de l’offre de soins dans bien des territoires de l’hexagone. On doute que cela suffise à satisfaire les populations de ces régions.
On retiendra peut-être, mais ce n’est pas certain, que le ministre de la santé ne s’est pas opposé au vote d’un amendement qui prévoit que les cliniques privées devront davantage participer à la permanence des soins le soir et le weekend end. Mais le ministre, toujours prudent (trop?) a interprété ce vote comme une incitation à participer, à laquelle il est favorable, pas comme une obligation.
Il est évident que dans ces temps délicats pour le pouvoir exécutif, le gouvernement et les élus de Renaissance, n’ont pas voulu créer un nouveau front de contestation et risquer une fracture avec une profession dont les membres sont souvent parmi ses soutiens les plus fidèles. Dommage