Présentant pour la première fois depuis son élection en 2017 ses vœux au monde de la santé et aux personnels soignants, Emmanuel Macron a voulu marquer cet événement en annonçant une réforme du système de santé. « Je sais l’épuisement personnel et collectif, ce sentiment parfois de perte de sens qui s'est installé, le sentiment au fond de passer d'une crise à l'autre », a déclaré le chef de l'Etat. Cadre symbolique de présentation de cette réforme : le Centre hospitalier Sud Francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes qui a subi il y a quelques mois une cyber attaque informatique qui a largement perturbé un temps son activité.
Tout en s’engageant donc à réformer le système de santé, le Chef de l’Etat a voulu d’abord étonner : il faut prendre rapidement des « décisions radicales », a t –il énoncé. Avec pour premier objectif : une réforme qui doit aboutir d’ici Juin. C’est à dire demain. Et bien sur en première ligne l’hôpital qui, affirme le Chef de l’Etat, ne « marche que par des heures supplémentaires qui sont allouées de manière hétérogène sur les services ». Première responsable de cette désorganisation, les 35 heures qui ne peuvent continuer à être appliquées dans les établissements de santé.. Et Emmanuel Macron de prôner une grande réforme permettant de bâtir une organisation « plus cohérente avec la réalité du travail à l’hôpital pour les médecins et l’ensemble du système hospitalier, pour une application rapide. En clair c’est la fin des 35 heures que prône le Chef de l’Etat. Discussions difficiles en perspective..
Autre réforme intéressante, mais qui était attendue : la fin du système de tarification à l’acte, à l’activité (T2A). Cette disposition du plan hôpital 2007, voulue par Roselyne Bachelot, alors ministre de la santé, - sera rayée lors de l’élaboration du Projet de loi de financement de la sécurité sociale 2024 discuté au Parlement à l’automne prochain. Elle devrait être remplacée par un système de « financement par objectif de santé publique ». Un peu obscur…..
Enfin, parmi les annonces concernant l’hôpital, retenons que le Président s’est prononcé pour un « tandem administratif et médical », à la tête de chaque établissement hospitalier, afin d’impliquer davantage les soignants dans toutes les décisions.
S’agissant de la médecine libérale, le Chef de l’Etat - sans prendre position sur la controverse sur la hausse du tarif de la consultation – a reconnu que, malgré la suppression du numerus clausus, le nombre de médecins en activité n’allait pas augmenter avant de nombreuses années et qu’il convenait donc de trouver des solutions alternatives, notamment pour soulager les médecins en exercice. Solution pour le chef de l’Etat : accélérer « le recrutement des assistants médicaux », créés en 2018 pour porter leur nombre, de près de 4.000 actuellement à 10 000 d'ici la fin de 2024. On n’est pas certain que la solution ainsi énoncée, soit d’une efficacité telle qu’elle calme de nombreux généralistes qui attendaient du Président qu’il s’engage sur la revalorisation de la consultation. Le Chef de l’Etat a donc renvoyé la balle à son ministre de la santé, Se contentant simplement d’affirmer qu’une revalorisation de la consultation pourrait être envisagée pour les praticiens assurant la permanence des soins et des gardes. Ainsi que pour ceux qui prendront en charge de nouveaux patients. Mais il est clair que les médecins - regroupés au sein d’un collectif de praticiens libéraux – et qui réclament un doublement de la consultation ne devraient guère être rassurés par ces déclarations.
Enfin, on notera que dès la fin de 2023, tous les patients avec une maladie chronique sans médecin traitant, devraient s’en voir proposer un…A suivre de prés la mise en œuvre de cette promesse.