Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2018, qui doit être adopté mercredi en conseil des ministres et qui a été présenté il y a quelques jours par la ministre de la santé Agnès Buzin et le ministre de l’action et Comptes publics Gérard Darmanin, inquiète professionnels de santé, hospitaliers et patients. « La croissance naturelle des dépenses de santé de 4,5 % va nécessiter des mesures drastiques pour respecter l'ONDAM annoncé à 2,3 % pour 2018 », commentait sans nuances, dans le Quotidien du Médecin, le Dr Jean-Paul Ortiz, président du principal syndicat de médecins libéraux, la confédération des syndicats médicaux français.
En effet, l’objectif de progression des dépenses de santé affiché de 2,3% - mais seulement de 2,2% pour l’hôpital (contre 2,4% pour les soins de ville) - ne permettra pas de mettre en œuvre tous les choix thérapeutiques. D’autant que l’annonce des économies pour l’assurance maladie, exigées dans le même temps par le pouvoir exécutif – 4,2 milliards d'euros – rendra difficile voire illusoire toute audace pour innover.
Si la médecine de ville doit être touchée, en particulier certaines spécialités comme la biologie et la radiologie - ce qui ne manque pas de surprendre alors que ces professions rencontrent des difficultés pour se renouveler et procéder à des investissements techniques indispensables et souvent couteux - les principales cibles visées par les pouvoirs publics restent le médicament et l’hôpital.
Pour le premier, c’est un milliard d’économies qui est demandé, par des baisses de prix et des déremboursements de médicaments, pour le second c’est bien des économies sur tous les postes qui sont exigées; une rigueur dans l’hospitalisation des patients et les investissements seront regardés de très près par les tutelles. Il est clair que la médecine ambulatoire et les hospitalisations raccourcies devront être privilégiées.
Certes la hausse du forfait hospitalier de deux points (de 18 à 20 euros) peut apporter un peu d’oxygène aux établissements mais on doute que ce soit suffisant pour rétablir des situations qui sont déjà bien dégradées et qui risquent de l’être de plus en plus, dans nombre d’établissements hospitaliers.
Quant aux patients, ils peuvent regarder ce projet de loi avec une certaine circonspection, même s'ils ne sont pas directement visés par des mesures d'économies. Mais nul doute que les déremboursements de médicaments, la hausse du forfait hospitalier, le développement accéléré de la médecine ambulatoire, l’augmentation de certains actes médicaux prévue par la dernière convention signée par les syndicats de médecins et l’assurance maladie, les toucheront parfois directement, par des remboursements diminués, et souvent indirectement, par la hausse des tarifs des mutuelles lorsqu’ils en ont une et qui prendront en charge ces suppléments de coûts. Déjà ces assurances complémentaires, sans guère de précaution, ont bien affirmé qu’elle augmenterait le tarif de leur cotisations pour faire face à ces charges supplémentaires.
Les salariés pourront, peut-être, se consoler avec la baisse des cotisations sociales annoncées par le gouvernement pour 2018 – bien que la hausse de la CSG mangera en partie cet avantage - mais ce ne sera pas le cas des retraités et des professions indépendantes et libérales qui se verront appliquer au delà d’un certain niveau de rémunération la hausse de 1,7% de cette même CSG.
En clair, le prochain PLFSS est dans la droite ligne des textes des années précédentes : c’est bien une maitrise tout à fait économique, comptable qui présidera désormais à la philosophie de la politique de santé, en souhaitant ardemment qu’elle ne s’applique pas au détriment des progrès thérapeutiques et des investissements indispensables aux avancées médicales.
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