Prévenir pour mieux guérir ! Le principe même du diagnostic. Une règle à l’origine du succès du laboratoire Guerbet. Spécialisé dans l’imagerie médicale, le groupe familial éponyme a en effet bâti sa croissance sur le besoin de recourir aux “scanners, IRM et autres appareils de médecine nucléaire”. Une utilisation qui tend à se développer en raison du “vieillissement de la population et de l’augmentation du nombre de pathologies tels que les cancers, les maladies neuro-dégénératives ou encore les affections cardio-vasculaires”, explique Bernard Massiot, président du directoire de Guerbet.
Conséquence : le nombre de scanners, d’IRM ou d’appareils de médecine nucléaire ne cessent d’augmenter à travers le monde. Car tous les pays, y compris les pays émergents, développent leur parc d’équipements. D’autant que les fabricants, tels Siemens, General-Electric Health care, Philips, ou encore Toshiba proposent, tous les deux ou trois ans, de nouvelles machines. “Ajoutée aux pathologies dont l’incidence augmente, cette amélioration de la qualité des examens contribue à l’augmentation du nombre d’actes de diagnostics”, précise encore Anne-Laure Delasalle, directrice de la communication.
Autant de raisons qui expliquent la croissance annuelle du secteur d’environ +5 %. Une croissance inférieure à celle que connaît le groupe français (+10 % au premier semestre 2010). Néanmoins, relativise Anne-Laure Delasalle, “cette augmentation n’est pas identique dans les trois segments du marché”. Ainsi, fort d’une technologie déjà très au point, le parc rayons X ne progresserait plus que de 2 %, l’IRM de +5 % et la médecine nucléaire de 8 %. Pour Guerbet, dans les rayons X, l’innovation est essentiellement liée aux progrès du packaging. “Pour sécuriser les manipulations de notre produit Xenetix® et réduire l’impact sur l’environnement, nous avons complété notre offre en mettant au point une poche souple de polypropylène : Scanbag®”, explique Antoine Mazraani, directeur Europe.
Un packaging cependant très opportun, puisque le rachat en 2004 de Medex Biomedical, société détentrice d’un brevet sur un injecteur à poche, permet à Guerbet d’envisager installer dans les centres radiologiques ces appareils avec Scanbag®. L’intérêt ? “Améliorer le flux de patients et ainsi diminuer en toute sécurité les files d’attente”. Sans oublier la réduction des coûts liés à la gestion des déchets ! Autant d’arguments qui ne devraient pas manquer de séduire les praticiens (radiologues, techniciens manipulateurs, cardiologues interventionnels, pharmaciens et cadres hospitaliers) européens et très prochainement brésiliens et coréens que visiteront les forces de vente du groupe…
Ce sont toutefois les segments IRM et médecine nucléaire qui bénéficient le plus d’innovations et tendent donc à dynamiser le marché. “Dans l’optique d’améliorer le diagnostic des pathologies cardio-vasculaires, des cancers et du système nerveux central de nombreux produits sont encore à imaginer en IRM et en médecine nucléaire”, explique Philippe Barthelet, directeur du business-développement.
Guerbet travaille ainsi sur ces deux axes de recherche. Le premier vise à mettre au point des produits à base de chélates de gadolinium (terre rare) pour les IRM à très haut champs, afin “d’imager de manière très fine et d’être très efficace dans le diagnostic des pathologies cérébrales”. Le second a pour objectif, soit d’identifier précocement la plaque d’athérome en situation de rupture, soit d’améliorer le diagnostic de la maladie d’Alzheimer. Deux possibilités d’amélioration du marquage rendues possibles par le développement de produits à base de nanoparticules avec de l’oxyde de fer. L’entrée en développement en médecine nucléaire, début 2011, d’un radiotraceur indiqué dans le diagnostic du cancer de l’ovaire complète le pipeline du groupe familial.
Ce pipeline bien fourni qui viendra étoffer un portefeuille déjà riche permet au laboratoire Guerbet d’aborder sereinement l’avenir. Un avenir placé sous le signe du dynamisme et que le groupe familial entend bien mettre à profit pour rééquilibrer ses positions et se développer sur l’ensemble du marché mondial. L’Europe est ainsi le berceau historique du Groupe qui y possède quelque 25 % de parts de marché. Les différences sont cependant importantes entre des pays comme la France et la Belgique, où le laboratoire est installé depuis toujours et possède jusqu’à 50 % de parts de marché, et des pays où Guerbet est arrivé plus tardivement, comme l’Espagne, l’Italie ou encore l’Allemagne où le groupe détient entre 15 et 25 % de parts de marché.
La situation a néanmoins rapidement évolué Outre-Rhin, puisque l’expiration d’un brevet déposé par le principal concurrent de Guerbet a ouvert au groupe familial de réelles perspectives de croissance avec la possibilité, depuis quatre ans, de commercialiser Dotarem®, indiqué en angiographie et pour diagnostiquer les pathologies cérébrales et médullaires ainsi que les pathologies du rachis. Conséquence : Guerbet a déjà acquis 30 % du marché avec Dotarem® (40 % en Europe).
Les perspectives de croissance sont cependant ailleurs. “Nous avons pour objectifs de nous développer aux Etats-Unis et au Japon”, explique Philippe Berthelet. Deux pays où les parts de marché du groupe français n’excèdent pas les 3 %, alors même qu’il s’agit des deux premiers marchés mondiaux. Rien d’étonnant dès lors à ce qu’au niveau mondial le groupe se situe derrière ces quatre principaux concurrents avec 8 % de parts de marché.
Une situation qui tient lieu d’aiguillon pour Guerbet et l’oblige sans cesse à investir. Une politique qui tient lieu de philosophie au groupe. “Il ne saurait y avoir de croissance sans de réels investissements,” explique ainsi Michel Guerbet, président d’honneur du conseil d’administration. Une stratégie qui ne se limite pas aux efforts de recherche, auxquels le laboratoire consacre 10 % de son chiffre d’affaires. “Nous nous devons de mettre constamment nos installations aux normes exigées par les autorités de santé internationales (Food and Drug Administration, Kosheisho…) chargées de vérifier la conformité des installations, tant pour la fabrication que pour la distribution”, précise encore Philippe Barthelet.
D’où les quelque 8 millions d’euros investis dans le centre de distribution de Gonesse (Val-d’Oise). “L’extension du centre avec la construction d’un nouveau bâtiment dédié au stockage des produits et la mise en place d’un système de gestion d’entrepôt informatisé doivent permettre d’accompagner la croissance du groupe.” Un groupe qui expédie des produits de contraste et des dispositifs médicaux dans plus de 80 pays.
Un investissement qui s’inscrit dans la droite ligne de ceux réalisés auparavant sur les sites pharmaceutiques et chimiques d’Aulnay-Sous-Bois (Seine-Saint-De-nis), Marans (Charente-Maritime) et Lanester (Morbihan). Un renforcement massif de ses installations qui devrait permettre au groupe, selon Bernard Massiot, “d’accompagner les besoins mondiaux de l’imagerie médicale et absorber la croissance de l’activité”.
Guerbet en quelques dates
1901, découverte du Lipodol par Marcel Guerbet.
1926, création du laboratoire André Guerbet et Cie et premières applications du Lipodol en radiologie.
1970, lancement du Telebrix en rayons X.
1979, lancement d’Hexabrix en rayons X.
1981, construction d’une deuxième usine de production chimique à Lanester (Morbihan) pour produire Hexabrix.
1985, lancement d’Hexabrix aux Etats-Unis.
1986, introduction du titre Guerbet au second marché de la bourse de Paris.
1987, lancement d’Hexabrix au Japon.
2001, le groupe est certifié ISO 9001 pour l’ensemble de ses sites en France.
2003, lancement d’Artirem en IRM.
2004, acquisition de Medex Biomedical.
2006, lancement de la double innovation : Xenetix en présentation poche et son injecteur associé.
2009, Guerbet se lance en médecine nucléaire, en Europe, avec les produits Draximage.
2010, Bernard Massiot est nommé président du directoire.