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On connaît avant tout le CEA pour son rôle originel dans la mise en place du parc nucléaire français et dans la mise au point de solutions techniques pour la gestion des déchets radioactifs. Son importance n'est pas moins grande en ce qui concerne la défense et la sécurité, à travers la conception, la fabrication et le maintien en condition opérationnelle des têtes nucléaires de la force de dissuasion française, ou, dans la lutte contre le terrorisme, la conduite du programme interministériel de recherche dans les domaines nucléaire, radiologique, biologique et chimique, pour le compte du Secrétariat général de la Défense nationale (SGDN). Mais on sait peut-être moins que, dès sa création en 1950, l'organisme a également été chargé d'étudier les effets des rayons ionisants (issus des isotopes) sur le vivant et d'appliquer ces rayonnements à l'étude de la matière vivante. Aujourd'hui, les recherches relevant de cette mission, finalement liée à des préoccupations de santé publique, sont menées principalement au sein de la Direction des sciences du vivant (DSV).
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« Depuis toujours, précise en effet Jacques Grassi, Directeur du programme Technologies pour la Santé, la santé et la biologie font partie des préoccupations du CEA. Mais au fil des années, surtout autour du développement du nucléaire, se sont développées des compétences technologiques qui trouvent aujourd'hui des implications plus fortes dans ce domaine ».
En 2004, on a donc rajouté dans les objectifs prioritaires du CEA la notion de « Technologie pour l'information et la santé » et dès 2005, on mettait en place un programme transversal, justement baptisé « Technologie pour la Santé » (TPS).
« L'idée de base, la philosophie de ce programme, poursuit Jacques Grassi, est qu'en réunissant des compétences technologiques -pouvant parfois venir de domaines très éloignés de la biologie et des besoins biomédicaux- et des compétences en biologie et en médecine, on peut proposer des systèmes de diagnostic et de traitement qui permettent d'améliorer la prise en charge médicale de nos concitoyens ».
Il est organisé autour de 2 types d'actions.
« Premièrement, identifier et faire mûrir, en fonction des compétences existant au sein du CEA, des projets susceptibles d'apporter une vraie réponse à un besoin médical et de conduire à des applications industrielles. 8 projets sont aujourd'hui financés et on en comptera 3 autres d'ici la fin de l'année. � titre d'exemple, nous travaillons sur la mise au point d'un appareil, destiné à être couplé à l'imagerie par émission de positons, qui permet la mesure, en continue, de la radioactivité circulant dans le sang, et ce afin d'obtenir une exploitation quantitative des images. Cet automate sera utilisable sur des petits animaux (souris, rats). �lément important pour ceux qui travaillent ou font de la recherche en imagerie.
Deuxièmement, favoriser l'émergence de projets de création d'entreprise dans le domaine des TPS ».
Cette transversalité implique par ailleurs la réunion, tous les mois, des représentants de toutes les directions opérationnelles afin de faire mûrir les projets.
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Globalement, on travaille « au fil de l'eau ». « Selon le principe du bottom up, explique encore Jacques Grassi : on ouvre un guichet auquel les chercheurs viennent proposer des projets au fur et à mesure de leur émergence. En fait, nous sommes devenus beaucoup plus structurants en nous efforçant de construire des projets ayant une chance plus grande d'arriver à l'application industrielle et médicale. Ce qui doit permettre à terme d'améliorer le service médical rendu à la population et de créer des start up ».
Ce programme mobilise environ 8 millions d'euros par an et une centaine de personnes à ce jour.
« Il existe d'autres programmes transversaux, conclut sur ce point Jacques Grassi, dans le domaine de l'énergie, des nanosciences, de la sécurité, mais le programme TPS a une vision très applicative et très orientée vers l'industrie qui, de façon modeste mais significative, contribue à améliorer la valorisation de la recherche.
Il est très important que les gens puissent échanger, que des physiciens et des chimistes puissent ainsi être en phase. Confidentialité oblige, on ne peut détailler aujourd'hui des projets encore à un stade préliminaire, mais j'espère que dans quelques années, nous pourrons montrer comment sont venus ''de très loin'' des projets innovants dans le domaine de la médecine et de la biologie ».
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Il existe déjà de nombreux contrats de collaboration dans ce domaine entre le CEA et l'industrie. « Chaque année, souligne Christian Vincent, Adjoint au Directeur, et Responsable du Pôle valorisation et Partenariats Industriels Stratégiques de la DVS, nous signons entre 70 et 90 nouveaux contrats, pour des collaborations qui peuvent durer de 1 à 3 ans. Majoritairement avec des sociétés appartenant à l'industrie pharmaceutique et à l'industrie du diagnostic, mais aussi depuis quelques années avec l'industrie biomédicale qui fabrique des équipements pour le diagnostic à l'hôpital.
En fait, le CEA travaille avec toute l'industrie pharmaceutique française et bon nombre d'entreprises étrangères. L'un des projet phare, labellisé par le pôle de compétitivité MEDICEN, consiste à développer et à valider des biomarqueurs translationnels (applicables de l'animal à l'homme) pour la maladie d'Alzheimer. Ce projet, nommé Transal, est mené en partenariat avec sanofi-aventis et Servier.
Dans le domaine du diagnostic, nous sommes en relation avec BioMérieux pour la France ou avec des sociétés américaines, comme Bio-Rad. Très présents dans le domaine de l'imagerie médicale et moléculaire, nous aidons Guerbet à conforter son leadership en Europe pour certains produits de contraste destinés à la RMN et travaillons également avec des géants comme Siemens, General Electric et Philips ».
Parmi les grands axes de recherche pilotés par la DSV, le tout premier est effectivement l'imagerie médicale et la pharmacologie associée. « Nous sommes plutôt focalisés sur le cerveau, poursuit Christian Vincent. Ce qui concerne bien évidemment les laboratoires s'intéressant à des maladies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer, Parkinson, Huntington, mais aussi à des désordres psychiatriques comme la schizophrénie ou l'autisme ».
Le 2e grand axe est la radiobiologie et la radiopathologie. « Une des grandes missions du CEA est de comprendre les effets des rayonnements ionisants sur le vivant, explique encore Christian Vincent ; effets sur les tissus, mais aussi sur les cellules, puis sur les composants moléculaires de ces cellules, jusqu'à l'ADN. Nous observons les effets sur le génome de ces rayons ionisants. En traduisant ce programme de façon plus proche de l'industrie pharmaceutique et des hôpitaux, nous travaillons dans le domaine du cancer et sur le phénomène de la sénescence cellulaire ».
« Le 3e axe, plus fondamental, mais avec des répercussions dans le domaine des sciences de la vie tournées vers l'homme, est la biologie structurale et l'ingénierie des macromolécules biologiques : par des techniques vraiment physiques -par exemple la résonance magnétique nucléaire, ou la cristallisation des protéines et l'étude cristallographique de ces protéines par des rayons X, voire par des neutrons- nous étudions la forme des molécules se trouvant dans les cellules pour comprendre la relation entre la forme des ces macromolécules biologiques, leur fonction et leur fonctionnement. Une fois cette relation comprise, on est à même de tenter, rationnellement, de modifier ces macromolécules biologiques par le génie génétique pour transformer ces protéines, en particulier celles ayant des indications thérapeutiques, et faire en sorte qu'elles correspondent mieux à un traitement thérapeutique chez un patient. Qu'elles soient par exemple plus actives, plus résistantes à une dégradation une fois injectées dans l'organisme ou pour éviter une réaction indésirable du système immunitaire ».
Le 4e axe -en interaction avec Grenoble (voir encadré)- est le développement d'outils, appelés « biopuces », qui permettent de « mieux analyser certains événements à très grande vitesse sur de très faibles quantités de produit, de manière totalement automatique, et en parallèle. Ce qui donne la possibilité d'étudier plusieurs paramètres biologiques et plusieurs échantillons en même temps ».
A côté de ces grands partenariats, menés avec les industriels, le DSV s'appuie sur une activité de transfert de technologie dynamique à partir de son portefeuille de brevets « Si on devait en mettre un seul exemple en exergue, conclut Christian Vincent, ce serait le transfert du test de détection post mortem de l'encéphalopathie bovine spongiforme : pour des raisons historiques, le CEA a été capable de réunir des compétences complémentaires pour développer ce test transféré à la société Bio-Rad, aujourd'hui leader mondial dans ce domaine.
Et globalement, notre portefeuille de brevets est très bénéficiaire puisqu'en cumulant l'ensemble des redevances, sur la base de nos technologies transférées depuis 2000, on atteint presque les 60 millions d'euros. Ce qui correspond en fait à la valorisation de nos recherches� »
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