L’orsqu’on entre dans le détail, on s’aperçoit que les baisses de prix et les déremboursements (pour plus de 600 médicaments jugés “inefficaces” par les pouvoirs publics) ont coûté plus de 700 millions de francs aux laboratoires concernés (soit environ 3% en moyenne des différents chiffres d’affaires), une somme à laquelle il convient d’ajouter les réductions entraînées -en vertu de l’accord cadre Etat/Industrie- par la progression trop importante de certaines ventes, à hauteur de 500 millions. Soit un premier total de 1,2 milliard de francs. Reste enfin les “remises conventionnelles” (toujours en vertu de l’accord-cadre qui concerne la quasi-totalité des laboratoires pharmaceutiques en France) estimées pour leur part dans le même temps à 1,8 milliard… Le compte y est. Il ne représente même pas 0,4% des remboursements de l’assurance maladie.
Vers de nouvelles baisses de prix ?
Et ce n’est pas fini. L’envolée des dépenses de médicaments au cours de cette même année 2000 et du 1er trimestre 2001 (+9%, annonce la Cnamts) semble entraîner le gouvernement dans une surenchère de mesures censées stopper la croissance des remboursements de soins de ville. On s’attend donc à de nouvelles dispositions avant l’été.
Si, à la fin du mois de mai (au moment du bouclage de Visite Actuelle), le gouvernement n’avait pas encore décidé de sa politique définitive en ce domaine, il apparaissait très probable que l’essentiel du dispositif reposerait sur des baisses de prix et non sur le déremboursement de certaines spécialités. La piste d’une baisse du forfait des officinaux aurait été également envisagée, ainsi que celle d’une baisse de marge des grossistes-répartiteurs…
La Commission de la Transparence avait précisé quelque temps auparavant dans son rapport que 18,5% des 4 490 médicaments étudiés par ses soins depuis plusieurs mois avaient un SMR (Service médical rendu) insuffisant et que 18,7% avaient un SMR modéré ou faible, réclamant en filigrane des mesures à l’encontre de ces 1 675 médicaments plus ou moins “montrés du doigt”. Il n’en reste pas moins que près de 63% sont officiellement considérés comme réellement efficaces, contrairement à des idées reçues à la longue un peu lourdaudes. Notons en bref que plus de 56% des médicaments d’ORL-pneumologie obtiennent un SMR insuffisant, mais que près de 88% des produits d’anesthésie-réanimation, 88% des spécialités de cancérologie et plus de 93% des spécialités d’infectiologie ont un SMR majeur ou important.
Sans trop s’avancer, on peut considérer que si la baisse autoritaire des prix était choisie, elle concernerait environ 800 médicaments à SMR jugé “insuffisant”, médicaments anciens déjà vendus à des prix relativement faibles. Autant dire que les économies ne pourraient être que dérisoires, tout en risquant de mettre en marche des conséquences médicales, industrielles et sociales très difficiles à estimer.
Quant à la mesure consistant à prévoir un remboursement unique par classe thérapeutique, nous avons vu dans notre dernier numéro qu’elle ne pouvait à terme que “tuer” le médicament générique dont le développement est, on le sait, préconisé par le gouvernement…