Dans sa quête d’équilibre des comptes sociaux, le gouvernement a donc opté pour une baisse du prix de médicaments jugés “peu efficaces” et une certaine relance des génériques.
La baisse, censée entraîner 800 millions à 1 milliard de francs d’économies, devrait se situer autour de 8-10% et supposera des négociations, au cas par cas, entre chaque laboratoire concerné et le Comité économique des produits de santé.
Mais au-delà des médicaments au SMR (Service médical rendu) jugé “insuffisant”, ce plan touche également les produits innovants à gros volume jugés “coûteux” (chiffre d’affaires, 20 milliards de francs). Une première dans la politique menée par les gouvernements de tout bord depuis la création de la sécurité sociale. Il en va ainsi des statines (utilisées dans le traitement contre le cholestérol), des antihypertenseurs (les sartans), des antidépresseurs, des antibiotiques puissants (céphalosporines, fluoroquinoles), de certains antiulcéreux (les inhibiteurs de la pompe à protons) et des antimigraineux (les triptans). Globalement, ces produits récents verront leur prix diminuer d’environ 4%. Ce qui laisserait espérer une économie de 800 à 900 millions de francs. Là encore, ces baisses feront l’objet de négociations au cas par cas, laboratoire par laboratoire.
Parallèlement, aux baisses de prix, le “ plan médicaments ” comprend des mesures visant à relancer les médicaments génériques parmi lesquelles la possibilité donnée aux médecins de prescrire les produits sous leur DCI (Dénomination commune internationale). Cela devrait favoriser les produits les moins chers. Economie espérée là encore, 500 millions de francs. Ce qui porterait le total à 2-2,5 milliards de francs au bénéfice de la sécurité sociale et au détriment de l’industrie pharmaceutique.
Pharmaciens et répartiteurs pourraient eux aussi participer aux efforts d’économie tous azimuts sous la forme d’une réduction de leurs marges respectives…
“Ce plan, qui se superpose une fois de plus aux accords conventionnels prévus et signés entre Etat et industriels du médicament, apparaît comme une approche purement comptable et sans perspective qui ne constitue en aucun cas une réponse aux enjeux et défis de santé des Français ”, souligne justement le Snip (Syndicat de l’industrie pharmaceutique), avant de condamner des pouvoirs publics qui “alimentent une confusion sur les données chiffrées et leurs évolutions pour démontrer une dérive des dépenses de médicaments, ce qui est un mythe simpliste et facile à entretenir”.
Pour le syndicat, cette série de mesures, en touchant les produits récents, est en outre “pénalisante pour la capacité d’innovation de l’industrie pharmaceutique et l’accès au progrès thérapeutique des Français”. D’autant que cette industrie opérant en France est déjà la plus taxée d’Europe : outre les impôts de droit commun, elle a subi 5,1 milliards de francs de prélèvements spécifiques en 2000, soit 5,1% de son chiffre d’affaires…
Une politique globale de santé qui réponde aux besoins médicaux réels tout en préservant l’innovation est pourtant “possible”, conclut le Snip qui constate que certaines autres dispositions du “plan médicaments” (comme le suivi des médicaments après leur mise sur le marché ou le développement des bonnes recommandations de prescription et d’utilisation, ainsi que la promotion des génériques) “correspondent aux orientations soutenues par l’industrie du médicament depuis longtemps”.