A l’heure où nous assistons à une complexification des allergies respiratoires, dont les répercussions pour les patients mais aussi pour le système de santé sont considérables, il est urgent qu’une politique de santé publique d’envergure soit initiée en France. Or, la France accuse un retard certain, préjudiciable aux patients sur la nécessité d’engager une réflexion globale entre les différentes parties prenantes sur le retentissement des formes sévères des allergies respiratoires et leurs causes environnementales. Avec une exposition croissante de la population aux polluants environnementaux, cette problématique se pose avec d’autant plus d’insistance et nécessite la mise en œuvre d’un plan d’action national
Contrairement à leur faible résonnance politique et médiatique, les allergies respiratoires sévères sont en passe de devenir une problématique majeure de santé publique, puisque 50% de la population mondiale sera affectée par une maladie allergique (asthme, rhinite etc) d’ici 2050 selon l’OMS. Quasiment inexistantes dans les années 80, les formes sévères se développent aujourd’hui de manière inquiétante et une personne sur cinq est déjà lourdement impactée dans son quotidien à cause de son allergie.
Trop souvent sous estimées et assimilées à des pathologies bénignes, les allergies respiratoires sont la première cause de perte de productivité en France. Elles représentent 7 millions de journées de travail perdues soit 1 milliard d’euros de perte, qui viennent s’ajouter au mal-être des patients (difficultés d’apprentissage, sommeil perturbé etc). Au total, ce sont 900 000 millions d’euros qui sont dépensés en hospitalisation; un nombre qui pourrait être considérablement réduit si on considère qu’un asthme non contrôlé et pris en charge tardivement coûte 538 euros contre 85 euros si le patient est correctement suivi.
Il y a donc urgence à faire reconnaitre l’existence des formes sévères des allergies respiratoires et leurs conséquences médicales, sanitaires et sociétales, qui sont encore trop souvent ignorées.
L'immunothérapie allergénique (ITA) à ce jour est le seul traitement qui permette de traiter les allergies respiratoires en s’attaquant à la cause même de la maladie. Trop souvent considérée comme une thérapeutique anecdotique, l’immunothérapie allergénique a fait l’objet de nombreux travaux récents qui ont démontré son efficacité dans les formes sévères d’allergies respiratoires.
L’illustration de l’intérêt de l’ITA dans la prise en charge de l’asthme allergique aux acariens a été reconnue internationalement en 2017 par le groupe d’experts du GINA (Global Initiative for Asthma). Très récemment, les autorités françaises se sont engagées dans un processus de réévaluation des traitements d’immunothérapie allergénique. La baisse du taux de remboursement de ces traitements limiterait fortement l’accès à cette thérapeutique maintenant validée, ce qui entrainerait pour les patients des inégalités d’accès au soin encore plus clivantes. La France s’inscrirait ainsi à contre-courant des recommandations scientifiques internationales sur la prise en charge des patients allergiques respiratoires sévères.
Par ailleurs, aux vues du problème que représente les allergies respiratoires et de l’ampleur que pourrait prendre ce phénomène dans les années à venir, il est urgent de développer la recherche sur les allergies respiratoires.
En menant des études épidémiologiques et médico-économiques, il serait possible d’extraire des données scientifiques qui rendraient davantage tangibles les impacts des allergies respiratoires sur la vie des patients et dans la société en général. Ces données permettraient de comprendre comment mieux prendre en charge et enrayer cette épidémie silencieuse.
La concentration des efforts sur la recherche doit être prégnante notamment au cœur de l’université médicale qui doit structurer la filière pour susciter des vocations chez les jeunes médecins. Aujourd’hui, on compte seulement 1200 allergologues pour 10 millions de patients et la moyenne d’âge de ces médecins spécialisés est de 57 ans.
Pour encourager une prise en charge optimale des patients allergiques respiratoires sévères en France, plusieurs défis restent à relever dont la mise en œuvre d’un parcours de soins structuré ou le développement de programmes d’éducation thérapeutique. Mener une politique de prévention est donc essentiel et permettrait de mettre fin aux sept ans en moyenne d’errance thérapeutique du patient allergique, ce qui limiterait considérablement l’aggravation sur le long terme de la maladie.
Pour répondre à cet enjeu, il est donc primordial de promouvoir un dépistage précoce, favoriser et assurer un accès égal aux soins sur l’ensemble du territoire. … Autant de propositions illustrées dans ce livre blanc qui est consultable sur le site du Syndicat Français des Allergologues ou de l’association Asthme & Allergies.
La Fédération Française d’Allergologie regroupe toutes les instances de l’allergologie française :
· Le Syndicat français des allergologues (SYFAL),
· La Fédération françaises d’allergologie (FFAL)
· La Société Française d’Allergologie (SFA)
· L’Association Nationale de Formation continue en Allergologie (ANAFORCAL)
· L’Association française pour la prévention des allergies (AFPRAL)
· L’Association Asthme & Allergies