Pugnace et à la fois tellement maternelle. En plus de soixante années de carrière, le Pr. Annie Barois n’aura jamais rien lâché. Et surtout pas les enfants. Depuis la fin de son externat, en 1957, et son choix de devenir pédiatre elle leur a même consacré l’intégralité de sa vie à tous ses « minots ».
D’abord à Necker où elle exerça son clinicat puis à Claude Bernard où, œuvrant au sein du service des maladies infectieuses, elle a pu recourir aux premiers antibiotiques et autres traitements des carences vitaminiques pour soigner tous ces petits maux de l’après guerre.
Un baptême du feu qui la conduisit naturellement à rejoindre, dès son ouverture, le service de réanimation de l’hôpital Raymond Poincaré, à Garches (Hauts-de-Seine) ; puis à en devenir cheffe de service quinze ans plus tard. Et pendant plus de vingt ans !
Une seconde maison où elle passait plus de la moitié de ses longues journées avant de rejoindre la rue de Dunkerque dans son cher IXe arrondissement. Là, entre les multiples coups de fils nocturnes de ses amis à la recherche du bon conseil de « Tante Annie », elles retrouvaient toujours un de ses nombreux filleuls et autres neveux qui se sont succédé pendant des années. Car elle était comme cela tante Annie : dévouée à ses patients et à l’écoute de ses proches.
Le grand appartement familial n’a ainsi jamais désempli pendant toutes ces années. Et les étudiants préparant le CAPES pour les uns, leur thèse pour les autres savaient pouvoir compter sur la bienveillance de Tante Annie. Mais tôt le matin ou bien tard le soir, puisqu’elle ne quittait jamais l’hôpital avant que la nuit ne fut tombée.
Une aubaine pour les internes en pédiatrie qui n’hésitaient jamais à appeler la réanimation de Poincaré pour bénéficier d’un conseil avisé, toujours prodigué avec douceur et gentillesse. C’est d’ailleurs cet accompagnement plein de bon sens qui a conduit nombre de futurs praticiens à s’échanger les conseils pratiques de cette clinicienne hors pair.
Cette maîtrise de son art, ajoutée à une curiosité intellectuelle sans limite, ont amené le Pr. Barois à s’intéresser très tôt à la génétique. En étroite relation avec l’association française pour la myopathie (AFM), depuis les années 70, elle a ainsi rejoint le conseil scientifique de l’association, une quinzaine d’année plus tard. Et face aux immenses besoins de la recherche, elle a participé dès le départ à l’incroyable aventure du Téléthon.
Une aventure qui l’a conduit à aller prêcher la bonne parole jusque dans les coins les plus reculés de l’Hexagone. Sans jamais se départir de son franc parler et de sa bonhommie, elle n’hésitait pas à relativiser le coût des travaux de recherche en le comparant à celui des voitures des animateurs télé. Et avec toujours la même obstination : faire progresser la recherche sur les maladies neuromusculaires de l’enfant et améliorer la prise en charge des enfants en situation de handicap.
Car le Pr. Annie Barois faisait partie de ces médecins qui ne renoncent jamais et tentent toujours leur chance - aussi minime soit elle - dès lors que le patient peut en bénéficier. C’est avec cette conviction sans faille qu’elle a participé voir conduit de nombreux essais cliniques à l’origine de traitements révolutionnaires.
C’est donc logiquement que les pensionnaires de la rue Bonaparte ont décidé d’élire le Pr. Annie Barois comme membre correspondant de l'Académie de médecine pour la division de médecine le 28 janvier 2003 avant de la nommer membre correspondant honoraire le 12 mars 2007. Une institution dont elle n’a manqué aucune séance jusqu’à sa retraite dans son Var natal, en 2015.