Perte d’intérêt pour les activités et les loisirs habituels, perte de motivation, retrait social, sentiment de manque d’énergie, émoussement des émotions : l’apathie est l'un des troubles du comportement les plus fréquemment rencontrés au cours de la maladie d'Alzheimer. 60 % des personnes âgées atteintes de cette pathologie en sont affectés.
Selon de nombreux travaux, l’apathie s’accompagne d’un mauvais fonctionnement de certaines régions du cerveau. Il existerait une corrélation entre la sévérité de l’apathie et la réduction de l’activité du cortex frontal, une section du cerveau responsable de la planification, du jugement et de la perspicacité. L’apathie peut également survenir chez une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer qui ne comprend pas ce qui lui arrive. La peur de l’échec entraîne la personne âgée à se désinvestis de ses activités habituelles.
En octobre 2015, la Haute autorité de la santé (HAS) rappelait que l’apathie chez le malade d’Alzheimer est régulièrement confondue avec la dépression. S’il est important de bien diagnostiquer l’apathie, c’est parce qu’à l’inverse de la dépression, il vaut mieux ne pas le traiter avec des médicaments. « Un diagnostic de dépression inadapté avec une prescription d’antidépresseurs provoque un mésusage grave de ces médicaments », souligne la HAS.
L’apathie comporte des dimensions comportementales, cognitives et émotionnelles. Selon la HAS, elle se reconnaît aux signes suivants :
• La personne apparaît démotivée, elle ne prend pas d’initiatives, ne répond plus de manière habituelle et spontanée aux sollicitations de son environnement et de son entourage.
• Elle semble se désintéresser des conversations sur des sujets qui habituellement retiennent son attention.
• Ses activités sociales s’appauvrissent sans autre raison évidente que la baisse de motivation ; elle se désengage des activités quotidiennes. Elle semble peu réactive à l’annonce d’événements nouveaux ou importants pour lui ou pour ses proches (perte d’empathie).
• Elle n’exprime peu voire pas d’émotions concernant des événements positifs ou négatifs.
• Malgré la présence de ces signes, elle ne se reconnaît pas excessivement triste ou déprimée. (Dans le cas contraire, il faut envisager la possibilité de l’évolution d’un état dépressif caractérisé associé ou non à l’apathie.)
Si des signes d'apathie persistent au-delà de 4 semaines et contrastent avec l’état antérieur du patient, la HAS recommande au médecin d’utiliser l’inventaire neuropsychiatrique qui évalue la fréquence et la sévérité de 12 symptômes rencontrés au cours de la maladie d’Alzheimer parmi lesquels figure l’apathie.
Dans l’apathie, les interventions non médicamenteuses doivent être privilégiées, car elles s’attaquent aux symptômes. Il peut s’agir de thérapies de stimulation cognitive, de réhabilitation psycho-socio-cognitive ou encore d’activités de groupe liées à la vie quotidienne.