Vieux débat que celui de la conscience des nourrissons. Pour nos ancêtres les enfants n’en avaient pas. Aujourd’hui on constate que si la remémoration consciente des douleurs très précoces n’est pas possible, le souvenir « engrammé » de celles-ci perturbe durablement le comportement adulte. Chez les rats la preuve est faite et concorde cliniquement avec ce que l’on observe chez les enfants humains. Une lésion inflammatoire telle qu’en produisent à répétition les explorations invasives en soins intensifs de réanimation fait très bien l’affaire, particulièrement s’il s’agit de prématurés. Après 3 à 4 semaines d’agressions diverses, les prématurés développent une apathie marquée aux gestes douloureux ultérieurs tels que les vaccinations à 6 mois ou les prises de sang durant l’enfance. En revanche, les enfants nés à terme et placés en soins intensifs réagissent par une hypersensibilité hurlante aux douleurs futures. « L’adaptation » à la stimulation douloureuse est donc variable dans le calendrier neurologique. Expérimentée très tôt, une vive douleur répétée induirait une réduction des stimulus douloureux. Expérimentée plus tard durant la maturation nerveuse, à l’inverse, elle l’amplifierait.