« Une paille » commente le quotidien économique « Les Echos », qui dévoile le contenu du rapport provisoire du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie - qu’il doit examiner le18 novembre- sur la mise en place de la « super sécu » ou « grande sécu », envisagée par le gouvernement, ( voir article précédent de Théragora), et qui estime à 22,4 milliards le coût du remboursement à 100% de tous les frais de santé à tous les patients, et pas seulement à ceux en ALD ( affection de longue durée) .
La facture ne serait pas mince. Si l’on se souvient que les déficits de l’assurance maladie en 2020 et 2021 dépassent, en cumulé les 60 milliards d’euros et que 20 milliards au moins, sont prévus pour 2022, on comprend le commentaire des Echos…Une « paille » en effet. La quasi totalité des dépenses de santé serait prise en charge par ce nouveau système qui verrait donc la fin du ticket modérateur. Ainsi les dépenses d’hospitalisation (sauf peut être la chambre particulière) des soins de ville, des prescriptions de médicaments, des prothèses dentaires, auditives, des lunettes du « panier 100% », (aujourd’hui remboursées en partie pas les mutuelles) seraient concernées par ce système.
L’assurance maladie ne supporterait qu’une part de cette nouvelle dépense, mais la plus conséquente bien sur, soit 18,8 milliards d’euros, le reste de la charge résultant de la baisse des taxes aujourd’hui versées par les mutuelles à la sécurité sociale. Revient bien sur dans ce scénario le problème du financement. Il serait assuré par la hausse, comme nous l’écrivions, des prélèvements sociaux, via les cotisations patronales et la CSG. Et comme cela était prévisible, le Haut Conseil explique que cela ne devrait pas remettre en cause le pouvoir d’achat des ménages, et des français puisqu’ils n’acquitteraient plus les cotisations des mutuelles, souvent élevées.
Et au contraire rapporte les Echos, selon la HCAAM, la réforme pourrait dégager un « gain de 2,4 milliards d’euros, économisés sur les frais des gestion des complémentaires santés ». Celles-ci étant montrées du doigt depuis un certain temps, pour avoir des frais de gestion disproportionnés comparées aux missions qu’elles accomplissent.
Ce rapport, s’il n’est pas une surprise, dans son contenu global, met malgré tout l’accent sur le coût budgétaire élevé de cette réforme, à une période où les déficits budgétaires, restent importants, malgré les espoirs, voire parfois la certitude, d’une croissance forte. Pour 2021, un déficit à 8,2% du PIB est le plus souvent évoqué par Bercy. Autre souci du gouvernement, l’avenir des complémentaires et leurs 100 000 salariés.
La contre offensive des assurances complémentaires est bien évidemment attendue. Même s’il est évident que cette réforme ne pourra voir le jour avant la fin du quinquennat. Ce qui laisse un peu de temps, mais pas trop, à la Fédération de la mutualité France et au lobby des assurances, pour développer et préciser leurs arguments.