Gouverner, c’est prévoir…Mais aussi décevoir.
Emmanuel Macron ne réussira pas à équilibrer les comptes de la sécurité sociale comme il l’avait assuré et Agnès Buzyn, qui il y a un an, avait annoncé l’équilibre pour 2019, est aujourd’hui démentie par les faits. Reconnaissons cependant à la ministre le mérite d’avoir averti en janvier de cette année que cet engagement serait sans doute difficile à tenir. L’équilibre est repoussé à 2023.
En fait, selon le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) présenté il y a quelques jours et qui sera prochainement discuté par les députés et les sénateurs, les déficits du régime général de la sécurité sociale, (les branches famille, vieillesse, et maladie), s’élèveront en 2019 à 5,4 milliards en 2019, et à 5,1 milliards en 2020 : la crise des « gilets jaunes » est passée par là.
Le Président de la République pour éteindre l’incendie qui menaçait d’enflammer la France a desserré les cordons de la bourse de la rigueur qui était jusqu’à l’automne dernier un pilier important de la politique budgétaire du chef de l’exécutif et de son premier ministre. Ainsi, l’annulation de la hausse de la CSG pour une large catégorie de retraités et la suppression des cotisations sociales pour les heures supplémentaires vont coûter 2,7 milliards d'euros en 2019. Et plus encore en 2020, puisque l’exonération des cotisations pour les heures supplémentaires s’appliquera sur l’année entière. Au total le manque à gagner pour la sécurité sociale l’année prochaine devrait dépasser les 3 milliards d’euros.
A cela s’ajoute une croissance plus timide que prévu, et donc des rentrées de cotisations moins fortes qu’espérées.
D’où l’inquiétude du monde de la santé. L'Objectif national de dépenses d'assurance-maladie (Ondam), ne progressera en 2020 que de 2,3 % alors qu’il avait connu une hausse de 2,5% en 2019. Alors que les services d'urgence sont en crise, et multiplient les grèves depuis huit mois, que l’hôpital dans son ensemble crie son malaise, que les personnels médicaux et paramédicaux tirent depuis des mois le signal d’alarme, ce budget 2020 risque de provoquer une nouvelle flambée de colère, et les 4,2 milliards d'euros d'économies programmées pour la branche maladie en 2020 risquent d’être fortement dénoncées. L’hôpital estimera qu’il d’autant plus mal traité que ce budget prévoit une progression de ses dépenses moins importantes que celle des soins de ville. Et ce n’est sans doute un hasard si au lendemain de la présentation de ce budget 2020, 108 personnalités signent dans « Le Parisien » une lettre ouverte au Président de la République dénonçant la situation de l’hôpital et lui demandant de créer des postes, d’ouvrir des lits et des donner aux établissements de santé les moyens de mener une politique plus ambitieuse.
« Ca se tend de plus en plus à l’hôpital et pour la première fois, je pressens qu’il ne faut pas grand chose pour que ca pète » expliquait dans « le Monde » un responsable hospitalier. L’avertissement ne doit pas être pris à la légère…