Il y a quelques mois il ne faisait pas bon de dire à un « macroniste », comme beaucoup ont eu l’occasion de le vivre, qu’il serait difficile d’éviter un nouveau confinement. Aujourd’hui on y est même si le pouvoir exécutif se contorsionne pour assurer qu’il n’en est rien. Cela ne trompe personne. Le Président de la République, suivi comme il se doit par son premier ministre, a beau répéter son slogan, « on freine sans enfermer », la réalité vécue par les français dans les seize départements visés par cette nouvelle politique est toute autre. Voulant montrer qu’il agissait, Emmanuel Macron s’expose paradoxalement à un retour de bâton qui peut lui faire mal à quelques mois d’une élection présidentielle. Peu croient en effet à l’efficacité de cette demi–mesure qui surtout vient bien tard. « Les choix d’Emmanuel Macron ne supporteront pas l’échec » écrivait Théragora en janvier lorsque le Président refusait de suivre les scientifiques qui lui conseillaient un confinement l’hiver afin de préparer un printemps, sinon serein, du moins plus calme. « Un confinement précoce permet de gagner du temps à un moment critique » écrivait ainsi le 29 janvier le Conseil scientifique. Une recommandation ignorée.
Et aujourd’hui, il faut bien reconnaitre que le pari d’Emmanuel Macron est perdu. La pandémie a progressé ; les services de réanimation dans de nombreuses régions sont proches de la saturation. Pire les dernières décisions inquiètent au plus haut point le monde médical. Le Pr Timsit, responsable du service de réanimation de l’hôpital Bichat dans « Le Parisien » affirme sans détours que les mesures récentes n’ont « aucune chance » de stopper l’épidémie. « On va droit dans le mur » avertit le praticien.
Un seul espoir en fait : la vaccination. Mais même dans ce domaine, la situation est critique. Certes, il faut reconnaitre que nombre de pays européens ne sont guère mieux lotis, mais cela ne saurait servir d’alibi ou d’excuse. Cela montre surtout la faillite de l’Union européenne qui n’a pas su contrairement à d’autres pays, comme le Royaume Uni (belle revanche …), mettre en place une politique vaccinale qui porte ses fruits et ralentit la progression de la Covid. Il faudra bien faire un jour le bilan de ces premiers mois 2021 et s’interroger sur la surdité d’un pouvoir qui a ignoré jusqu'à l’obstination, les avertissements, les conseils, les recommandations de médecins, d’épidémiologistes, de scientifiques, qui depuis des mois crient « au loup ». Il n’est pas plus sourd que celui qui ne veut entendre…On voudrait simplement croire que ces décisions ne répondaient pas au seul souci de ménager un avenir politique.
Le pouvoir exécutif met souvent en avant le souci de préserver l’avenir économique du pays. On pourrait aisément le suivre ce chemin, si les décisions prises étaient cohérentes et ne créaient pas parfois, pour ne pas écrire souvent, une confusion qui ne fait qu’accroitre le désarroi parmi les acteurs du monde de la santé, du monde économique et de la population. Les derniers ratés d une attestation de sortie incompréhensible et d’une politique vaccinale peu cohérente, et le mot est faible, ne plaident pas en faveur d’une mansuétude. Les derniers sondages le démontrent.