Avec le respect des mesures barrières et d'isolement, les vaccins constituent le meilleur moyen de prévention et de lutte contre la Covid-19. Pour autant, la protection vaccinale après un schéma vaccinal complet (deux doses) s'avère parfois insuffisante chez certaines personnes dont le statut immunitaire est altéré, alors même que celles-ci présentent le risque de faire une forme sévère de la maladie et d'en décéder. Dans un contexte de reprise épidémique, la HAS souligne ainsi la nécessité d'administrer une troisième dose de vaccin chez les patients immunodéprimés, car elle permet pour une part non négligeable d'entre eux de développer à cette occasion une réponse vaccinale. Des données récentes récentes montrent cependant qu'environ 25% des personnes immunodéprimées suite à une greffe ou à une leucémie lymphoïde chronique n'ont toujours pas d'anticorps détectables (séronégatives) après la troisième dose.
Pour protéger ces personnes, en particulier alors que le variant Delta circule très rapidement, l'immunisation passive grâce à des anticorps monoclonaux neutralisant la protéine S du SARS-CoV-2 a été suggérée comme une intervention prophylactique potentielle contre l'infection. L'objectif est de prévenir la survenue d'une forme sévère de Covid-19.
C'est dans ce contexte d'urgence qu'un médicament, le Ronapreve® de Roche-Regeneron, qui associe deux anticorps-monoclonaux, le casirivimab et l'imdevimab, a fait l'objet d'une demande d'autorisation d'accès précoce pré-AMM en prophylaxie chez les patients immunodéprimés qui ne sont pas protégés malgré une vaccination complète. La demande est faite dans deux situations : soit en pré-exposition, soit après une exposition au SARS-CoV-2 (cas-contact). Cette association d'anticorps monoclonaux est par ailleurs déjà utilisée dans le cadre d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) dans le traitement de l'infection par le SARS-CoV-2 pour d'autres populations.
Après l'avis positif de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) sur la présomption d'efficacité et de sécurité de ce médicament, la HAS se prononce en faveur de son accès précoce afin de permettre un accès rapide et sécurisé aux personnes qui en ont urgemment besoin. Pour définir cette population cible, la HAS s'est appuyée sur la définition établie par l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS) Maladies infectieuses émergentes (MIE) de sous-groupes de patients immunodéprimés à très haut risque de forme sévère de Covid-19[1].
Rendue en moins de 10 jours, cette autorisation d'accès précoce est octroyée pour un délai de 5 mois. Pour instruire le dossier, la HAS s'est également appuyée sur la contribution de deux associations d'usagers et l'audition de plusieurs acteurs dont l'association Renaloo, la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) et l'ANRS MIE.
La HAS accorde ainsi une autorisation d'accès précoce à Ronapreve® (casirivimab/imdevimab) dans les indications suivantes :
Comme l'indique le résumé des caractéristiques du produit validé par l'ANSM l'administration de ces traitements doit se faire par voie intraveineuse ou par voie sous-cutanée. Pour une utilisation en prophylaxie post-exposition, la voie intraveineuse devra être privilégiée. En cas d'impossibilité, le casirivimab et l'imdevimab peuvent également être administrés par injection sous-cutanée.
Dans un avis complémentaire adopté le 4 août , la HAS recommande qu'une sérologie de détection du SARS-CoV-2 soit proposée aux patients immunodéprimés susceptibles de bénéficier d'un traitement prophylactique par anticorps monoclonaux et que cette sérologie soit prise en charge par la sécurité sociale.
La HAS conditionne cette autorisation d'accès précoce à la mise en place d'un registre national de suivi des patients traités en prophylaxie anti-Covid-19 pré et post-exposition. Ce registre permettra d'évaluer l'efficacité biologique et clinique de ce traitement dans les différents groupes de patients et de suivre le risque d'émergence de résistance potentielle. La HAS souhaite être destinataire de toutes nouvelles données permettant de réévaluer l'intérêt de ce traitement prophylactique dans un délai maximum de deux mois.
Ces données, recueillies dans le cadre du Protocole d'utilisation thérapeutique et de recueil de données (PUT-RD) et dont la HAS disposera tous les deux mois, permettront à la HAS de réexaminer très rapidement sa position, dès que nécessaire, et de se prononcer sur le renouvellement de cette autorisation à l'issue des 6 mois accordés aujourd'hui.
Enfin, la HAS souhaite rappeler que la mise en Â?uvre des traitements par anticorps monoclonaux ne dispense pas les patients de respecter les mesures barrières et de distanciation sociale dans le cadre de la lutte contre la Covid-19. De plus, l'association de casirivimab et imdevimab n'est pas destinée à être utilisée comme substitut de la vaccination contre le SARS-CoV-2.
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[1] les receveurs d'une greffe d'organe solide ou d'une greffe allogénique de cellules souches hématopoïétiques, de patients souffrant d'une hémopathie lymphoïde, de patients recevant un traitement par anticorps anti-CD20, inhibiteurs de BTK ou encore les traitements immunosuppresseurs visant à éviter le rejet d'un greffon, les sujets porteurs d'un déficit immunitaire primitif, ou les patients séronégatifs après un schéma vaccinal complet ou non éligibles à la vaccination et qui présentent une immunodépression sévère et qui sont à haut risque de forme grave de Covid-19.