Après avoir publié le 16 mars 2021 un premier avis sur les tests antigéniques sur prélèvement nasal, la HAS poursuit et complète ses travaux sur ces tests disponibles sous forme de TDR, de TROD et d'autotests. En mars dernier, les données disponibles avaient permis d'envisager l'utilisation de ces tests en dépistage et pour les cas contacts. Sous leur forme autotests, ils représentent un nouvel outil de dépistage, permettant une utilisation dans la sphère privée. Mais le manque d'études chez les enfants avait conduit la HAS à limiter leur utilisation aux plus de 15 ans. Quelle nouveauté aujourd'hui ? Une méta-analyse réalisée par la HAS montre des résultats encourageants chez les enfants, ce qui permet désormais d'étendre les indications et d'envisager l'utilisation des tests antigéniques sur prélèvement nasal en milieu scolaire. Avec un résultat en 15 à 30 min, ils constituent un outil complémentaire aux tests RT-PCR salivaires pour casser les chaines de contamination au sein des classes.
Des tests réalisables chez les adultes comme chez les enfants
La méta-analyse réalisée par la HAS porte sur les performances cliniques des tests antigéniques sur prélèvement nasal. Il en ressort une spécificité excellente, de l'ordre de 99% ou 100%. Comme précédemment observé pour les tests antigéniques sur prélèvement nasopharyngé, il existe en revanche une forte hétérogénéité des performances de sensibilité. Chez les patients symptomatiques elle est estimée à 81%, ce qui est conforme aux exigences de la HAS, et chez les asymptomatiques elle varie entre 50 et 58%, des performances acceptables dans le cadre de dépistages itératifs ciblés.
Chez les enfants, les données de performance des tests antigéniques nasaux sont limitées, en particulier pour les cas asymptomatiques. Toutefois, les quelques études cliniques sont rassurantes quant à leurs performances dans cette population pédiatrique et permettent de supprimer la limite d'âge précédemment posée.
Les tests antigéniques nasaux pouvant être utilisés chez les adultes et chez les enfants, la HAS considère qu'une utilisation plus large de leur forme autotest présente un intérêt en milieu scolaire. Elle recommande ainsi la mise en place de dépistages itératifs à large échelle par autotests antigéniques nasaux au sein des écoles maternelles et primaires, des collèges, des lycées et des universités, à la fois chez les élèves, les enseignants et le personnel en contact avec les élèves.
La HAS est favorable à la prise en charge par la collectivité des autotests dans ces milieux scolaires et universitaires. La mise à disposition gratuite d'autotests dans ces structures permettrait d'éviter les iniquités d'accès renforçant ainsi l'acceptabilité et donc l'efficacité d'un tel dépistage.
La HAS estime que les autotests peuvent également être utilisés dans la sphère privée en complément des tests déjà disponibles (par exemple, avant une rencontre avec des proches ou dans le cadre d'accès à des activités en espace clos : restauration, cinéma, spectacles vivants, etc.). L'autotest devra idéalement être réalisé le jour même ou à défaut la veille de la rencontre/activités.
Comment utiliser les autotests en milieu scolaire et universitaire ?
S'appuyant sur un groupe d'experts et sur des modélisations, la HAS définit les conditions optimales d'utilisation des autotests antigéniques sur prélèvement nasal à l'école.
Elle estime que ces tests doivent être réalisés au moins une fois par semaine selon les modalités de prélèvement les plus adaptées à l'âge, aux capacités de l'enfant et au contexte local. Ainsi, les étudiants, lycéens et collégiens peuvent réaliser l'autotest en autonomie (après une première réalisation sous la supervision d'un adulte compétent si besoin). Pour les élèves en école primaire, l'auto-prélèvement initialement supervisé est également envisageable mais il est préférable que le test soit fait par les parents ou le personnel formé. Pour les enfants en école maternelle, le prélèvement et le test devront être réalisés par ces mêmes acteurs. Rappelons que pour les publics très jeunes, les tests RT-PCR salivaires sont également envisageables.
De tels dépistages pourraient aussi avoir lieu dans les structures accueillant des enfants lors de la période estivale (colonies de vacances, centres de loisirs...) selon des modalités analogues à celles qui seront mises en place en milieu scolaire.
La HAS rappelle l'importance que élèves testés et/ou parents disposent d'une information complète et précise sur les modalités de réalisation des autotests, sur les modalités de dépistage mises en place et sur la conduite à tenir suite au résultat du test, qu'il soit positif ou négatif. Un résultat positif doit ainsi être confirmé par un test RT-PCR, notamment pour identifier le variant en cause. Un résultat négatif n'exclut pas quant à lui que la personne testée soit porteuse du virus. La HAS rappelle donc la nécessité de continuer à respecter les gestes barrières.
Concernant les tests sur prélèvement salivaire, la HAS considère que les données disponibles, très hétérogènes, ne permettent pas à ce stade de montrer que ces tests présentent une efficacité suffisante pour pouvoir être recommandés.
TDR / TROD / Autotests sur prélèvement nasal : de quoi parle-t-on ?Les TDR (tests de diagnostic rapides) sont des tests dont le prélèvement, réalisation et interprétation sont réalisés par un biologiste. |
Source HAS 26/04/2021
[1] Travaux de modélisation de Vittoria Colizza et Alain Barrat pour le Conseil Scientifique