En contexte de crise sanitaire et d'approvisionnement progressif des doses de vaccins au fil de l'année 2021, la HAS a publié le 30 novembre dernier des recommandations préliminaires sur la stratégie de priorisation des populations à vacciner. Cinq phases y sont définies, visant à attribuer les premières doses disponibles aux personnes les plus à risque de faire des formes graves de Covid-19 et les plus exposées au risque d'infection. Elle définissait comment élargir progressivement la vaccination et à quels publics cibles. Elle précise aujourd'hui ses recommandations sur certaines populations pour lesquelles la Direction générale de la santé a formulé des questions spécifiques. Elle statue également sur la vaccination des personnes ayant déjà contracté une forme symptomatique de Covid-19. L'ensemble de ces positions pourront être revues et complétées selon les données disponibles.
Outre ces populations complémentaires, la HAS n'exclut pas que soit envisagée, dès le début de la campagne vaccinale et sur la base d'une appréciation du rapport bénéfice/risque individuel, la vaccination de sous-populations non priorisées du fait de leur âge mais particulièrement vulnérables et exposées à la COVID-19. Il reviendra au médecin d'évaluer au cas par cas la pertinence de la vaccination Â? et de la proposer aux personnes pour lesquelles les risques liés à la Covid-19 apparaissent majeurs (par exemple aux sous-populations non âgées mais présentant des déficits immunitaires sévères, hémopathies malignes, insuffisants rénaux dialysés
).
La HAS rappelle la nécessité d'une information claire et accessible des publics à toutes les phases de mise à disposition des vaccins afin de permettre à chacun de prendre sa décision librement.
Des précisions sur la priorité à donner à certaines populations
La phase 1 de la campagne de vaccination cible en priorité les populations exposées à deux facteurs de risque : la vulnérabilité liée à l'âge élevé (risque de forme grave ou de décès) et l'exposition accrue au virus (résidants d'hébergement collectifs ou professionnels du secteur de la santé, du médico-social et du transport sanitaire). La HAS confirme sa recommandation de cibler non seulement les résidents d'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), mais aussi ceux de tout établissement accueillant des résidents âgés de façon prolongée. Cela comprend les EHPA non médicalisés, les résidences autonomie ou foyers-logements, etc.
En revanche, les soins de suite et de réadaptation (SSR) n'ont pas été retenus en phase 1 compte-tenu d'un risque moindre d'exposition à la COVID-19 : durée moindre de séjour (en moyenne 5-6 semaines) avec moins de vie en collectivité (type salle commune pour prendre les repas, etc.).
Les personnes en situation de handicap hébergées dans les établissements sociaux et médico-sociaux ne présentant pas de comorbidités et/ou d'âge élevé augmentant le risque de forme grave ne sont pas - à ce stade - identifiées comme population prioritaire. Toutefois si des données épidémiologiques complémentaires le justifient et si les vaccins démontraient une efficacité sur la transmission, cette stratégie de vaccination serait bien évidemment actualisée.
La HAS identifiait dans ses recommandations les personnes atteintes de trisomie 21 comme à risque de forme grave ou de décès. Elle confirme que ces patients sont considérés comme prioritaires pour la vaccination de la même manière que pour les autres patients ayant des comorbidités à risque.
Autre précision : quelle conduite tenir pour protéger les femmes enceintes ? La HAS n'a pas inclus les femmes enceintes dans les populations à vacciner en priorité dans ses recommandations publiées le 30 novembre en raison de l'absence de données sur cette population Â? exclue des essais cliniques. De plus les recommandations nationales étrangères (notamment anglaises) identifiées à ce stade ne recommandent pas la vaccination pendant la grossesse. La HAS réétudiera l'opportunité de vacciner les femmes enceintes si de nouvelles données scientifiques permettent de l'envisager.
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Quid des personnes ayant déjà eu la Covid-19 ? La durée de l'immunité à long terme conférée par la COVID-19 n'est actuellement pas connue. Bien que la fréquence réelle des cas de réinfection soit difficile à établir, le nombre de cas publiés de réinfection dument documentés reste pour l'instant faible (une dizaine environ). Se pose alors la question : les personnes ayant déjà été infectées par le SARS-CoV-2 doivent-elles se faire vacciner ?
Le constat scientifique est le suivant : à ce jour les données ne permettent pas de savoir s'il y a un bénéfice à vacciner les personnes qui ont déjà été infectées par le SARS-CoV-2. D'un autre côté, les données dont on dispose avec un recul moyen de 3 mois montrent qu'il n'y a pas d'effet indésirable grave particulier lorsqu'une personne ayant déjà eu la Covid-19 se fait vacciner. Sur la base de ces arguments, la HAS estime à ce stade qu'il n'y a pas lieu de vacciner systématiquement les personnes ayant déjà développé une forme symptomatique de la Covid-19. Toutefois, dans le respect des recommandations préliminaires du 30 novembre, ces personnes doivent pouvoir être vaccinées si elles le souhaitent à l'issue d'une décision partagée avec le médecin. Dans ce cas, il parait alors préférable de respecter un délai minimal de 3 mois à partir du début des symptômes.
La HAS ne recommande pas la réalisation d'une sérologie pour appuyer la décision de vaccination car une sérologie ne permet pas d'attester d'une immunité face au virus. Pour rappel, la HAS souligne qu'il est difficile à l'heure actuelle de définir le marqueur immunologique de protection contre le SARS-Cov-2. Enfin, la HAS recommande que les personnes contact d'un cas se fassent tester pour confirmer ou infirmer une infection à la Covid-19 avant d'envisager une vaccination.
Cette position sera revue en fonction de l'évolution des connaissances, notamment au regard des résultats complets des essais de phase 3 de chaque candidat vaccin et des données épidémiologiques. |