La HAS poursuit ses travaux sur la stratégie vaccinale face à la Covid-19, adaptant ses recommandations au fil des nouvelles données scientifiques et de la situation épidémique. L'objectif premier de la campagne vaccinale reste à ce stade de réduire la pression pesant sur les services hospitaliers et la mortalité. Ainsi, alors que l'approvisionnement progressif en doses de vaccins ne permet pas encore d'ouvrir la vaccination à toute la population, protéger les personnes à risque de forme grave demeurent l'objectif prioritaire. Mais si la vaccination protège des formes graves, des données préliminaires suggèrent également des effets sur le risque de transmission du virus.
Bien que partielles, ces données encourageantes permettent à la HAS d'ajuster sa stratégie vaccinale et de recommander la vaccination de l'entourage des personnes immunodéprimées et des proches aidants de certaines personnes fragiles. Cette vaccination est complémentaire du maintien des mesures barrières et de distanciation physique pour lutter efficacement contre l'épidémie de Covid-19.
Ces recommandations seront encore susceptibles d'évoluer en fonction des connaissances. Dès lors que la morbi-mortalité liée à la Covid-19 sera réduite par la vaccination des personnes à risque de formes graves et de leur entourage, l'objectif du programme de vaccination devra s'orienter vers la réduction de la circulation du virus au sein de la population.
Les patients immunodéprimés sont doublement vulnérables : ils présentent le risque de développer une forme grave de Covid-19 tout en étant peu protégées par la vaccination. Le principe est alors de les protéger indirectement, via la vaccination de leurs proches. La HAS recommande ainsi qu'une stratégie dite de « cocooning » soit mise en place autour des personnes immunodéprimées, adultes et enfants.
On entend par « entourage des personnes immunodéprimées » l'ensemble des personnes vivant sous le même toit, des personnes contribuant à leur prise en charge (personnels de santé, aides à domicile, auxiliaires de vie, etc.) et des personnes susceptibles d'en assurer la garde (assistante maternelle, famille, garde-malade, etc.). La HAS considère que ces personnes doivent être vaccinées dès que possible. Les personnes de moins de 16 ans dans l'entourage des personnes immunodéprimées devront également être vaccinées dès que les autorisations de mise sur le marché des vaccins le permettront.
En détail, la stratégie de « cocooning » doit pour l'instant cibler en priorité l'entourage :
D'après les premières données disponibles, les vaccins à ARNm et le vaccin Janssen semblent avoir un plus fort impact sur la transmission du virus. Les personnes immunodéprimées étant particulièrement à risque, la HAS recommande d'utiliser préférentiellement ces vaccins dans le cadre de la vaccination de leur entourage.
Il apparait ensuite opportun d'ouvrir également la vaccination aux personnes susceptibles de transmettre le virus à d'autres personnes fragiles ; plus précisément :
La vaccination des proches aidants permet de pallier les difficultés éventuelles de ces populations fragiles à maintenir les gestes barrières. Elle permet par ailleurs, en protégeant les proches aidants, de préserver la continuité des soins quotidiens.
Recommandation de la HAS concernant la possibilité de réaliser un schéma vaccinal avec deux vaccins à ARNm de spécialités différentes En réponse à une saisine du ministère en charge de la Santé, la HAS recommande de façon générale de réaliser le schéma vaccinal complet avec le même vaccin à ARNm pour la première et la seconde dose, conformément à l'autorisation de mise sur le marché de ces vaccins. En l'absence d'intérêt spécifique pour le patient, l'absence de données cliniques sur l'interchangeabilité des deux vaccins à ARNm Â? des laboratoires Pfizer/ BioNTech et de Moderna - justifie cette recommandation. En revanche, compte tenu de la parenté des deux vaccins, la HAS estime que dans de rares situations (liées par exemple à des tensions d'approvisionnement), il est dans l'intérêt du patient de ne pas reporter la seconde dose au-delà des 42 jours recommandés et donc de recourir à un vaccin ARNm de spécialité différente. La HAS attire par ailleurs l'attention sur la nécessité d'assurer dans ce cas une bonne traçabilité des personnes ainsi vaccinées et de mener une étude sur leur réponse immunitaire suite à cette seconde dose différente de la première. |