À l’occasion de la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques, du 13 au 18 novembre, Santé publique France publie - en collaboration avec l’ANSM, l’Anses, l’Assurance Maladie et l’équipe de recherche Inserm U1092 - la 3ème édition de la synthèse annuelle sur la consommation d’antibiotiques et l’antibiorésistance en France. Citoyens, patients, professionnels de la santé humaine et animale, décideurs... cet événement est l’occasion de mobiliser chacun d’entre nous pour renforcer la lutte contre la résistance aux antibiotiques. La progression de l’antibiorésistance est un problème de santé publique important en France. Elle pourrait devenir l’une des principales causes de mortalité dans le monde, en remettant en question la capacité à soigner les infections, même les plus courantes, en médecine de ville, hospitalière ou vétérinaire. Le nombre d’infections à bactérie multi-résistantes a été estimé à 125 000 en France en 2015, avec plus de 5 000 décès attribuables. Ce phénomène n’est pas seulement corrélé au mauvais usage et à la surconsommation des antibiotiques. La propagation de la résistance aux antimicrobiens passe aussi par leur transmission via le contact de personne à personne, les eaux usées, les activités comme l’épandage de résidus, les animaux sauvages ou domestiques. Limiter l’antibiorésistance impose donc une prévention globale, reposant sur le bon usage des antibiotiques, l’hygiène des mains et la prévention des facteurs favorisant les infections.
Associant santé humaine, santé animale et, pour la 1ère année, santé environnementale, cette synthèse s’inscrit pleinement dans la démarche One health recommandée par l’Organisation mondiale de la santé et présente les chiffres clefs de la consommation et de la résistance aux antibiotiques en France. En 2017, il a été vendu 759 tonnes d’antibiotiques destinés à la santé humaine (93 % en médecine de ville) et 499 tonnes d’antibiotiques destinés à la santé animale (95 % administrés à des animaux destinés à la consommation humaine). En 2017, la résistance aux céphalosporines de 3ième génération chez les entérobactéries continue d’augmenter, en particulier dans les établissement de santé (2% en 2007 vs 10,2% en 2017 chez E coli et 10% en 2007 vs 28,8% en 2017 chez K pneumoniae).
Deux nouveautés s’ajoutent cette année
- d’une part, la présentation des données disponibles sur la présence d’antibiotiques et de gènes de résistance dans l’environnement,
- d’autre part des exemples d’actions visant à améliorer le bon usage des antibiotiques, en lien, pour la santé humaine, avec des infectiologues membres de la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF).
La synthèse rapporte les résultats obtenus par les plans d’actions successifs conduits par la France en santé humaine et animale. Ces résultats sont encourageants pour l’année 2017. Mais il reste encore des pistes d’amélioration notables, en particulier en santé humaine. Concernant la santé environnementale, l’enjeu se situe dans une meilleure compréhension du rôle de l'environnement et dans la recherche d’indicateurs pertinents et partagés pouvant être suivis dans le temps.
Des actions récemment engagées devraient contribuer à améliorer encore ces résultats, telles que la mise en place de deux nouvelles missions nationales de prévention et de surveillance de la résistance et de la consommation d’antibiotiques en ville et en établissements de santé, le développement du rôle des référents en antibiothérapie en santé humaine et l’expérimentation de référents similaires en santé humaine. La réussite passe par la mobilisation de tous les professionnels et usagers de tous les domaines de la santé (humaine et animale), de tous les secteurs de soins (ville, secteur médico-social et établissements de santé) et la sensibilisation du grand public.
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Source Santé Publique France Novembre 2018