C’est à l’évidence une belle promotion pour cette ancienne secrétaire médicale, native de Boulogne sur Mer, ancienne députée socialiste, qui a rejoint le camp « macronien » et LREM en 2017. Ministre déléguée à l’autonomie depuis 202O, Brigitte Bourguignon, dans le gouvernement dirigée par Elisabeth Borne, devient ministre, à part entière, en charge de la santé et de la prévention, succédant à son ancien ministre de tutelle, Olivier Véran, qui ne doit être forcément ravi de partir vers d’autres horizons ministériels. A l’évidence, le Président de la République a voulu tourner, provisoirement peut être, la page du Covid et nommer un nouveau locataire de l’avenue de Ségur.
Mais passée la satisfaction de la promotion, la ministre de la santé, devra s’atteler à des dossiers « explosifs ». Celui de l’hôpital demande une intervention rapide. Cent vingt services d’urgence, un sur six, ont d’ores et déjà averti les pouvoirs publics qu’ils ne pourraient pas assurer cet été toutes les missions qu’exige une médecine d’urgence. Il ne suffira pas simplement de rassurer par des discours, il faudra vite des actes, des décisions, des solutions. Mais en fait, c’est à une réforme de l’ensemble du système hospitalier, une de plus diront certains, que la nouvelle ministre devra réfléchir et s’atteler La crise du Covid a montré les limites de l’efficacité des hôpitaux publics et la limite des efforts que pouvaient consentir les personnels. Le « Ségur de la santé » malgré les hausses salariales, n’ont pas calmé des personnels qui ne se contenteront plus d’être applaudis. Une nouvelle crise sanitaire pourrait rapidement tourner à la catastrophe, Ce devra être la priorité de la nouvelle ministre.
Autre chantier, celui de la médecine de proximité. Et revoilà que l’on devra reparler des déserts médicaux, de l’accès pour tous à des soins de premier recours, médecins généralistes, urgences bien sur, mais aussi spécialistes. « Il n’est normal, disait récemment un spécialiste parisien qu’une patente soit contrainte de venir de Brest pour consulter un dermatologue comme ce fut le cas d’une de mes patientes ». Cas extrême sans doute mais qui révèle les failles d’un système dont l’égalité d’accès aux soins n’est plus la qualité première, si tenté qu’il le fut un jour. La réforme est indispensable ; c’est à une refonte du système de soins qu’il convient de réfléchir aujourd’hui. Tout ne pourra pas se faire en quelques mois sans doute, mais décider d’y réfléchir dès à présent pour bâtir un nouveau dispositif pour la décennie est réellement une priorité.. Cela doit commencer à être élaboré aujourd’hui. La tâche de Brigitte Bourguignon sera de convaincre les acteurs du monde de la santé, médecins libéraux, hospitaliers, personnels soignants, politiques, de s’atteler à cette mission. Les talents de négociatrices que l’on prête à la nouvelle ministre devraient lui servir.
Autres domaines à ne pas négliger : la prévention peu efficace aujourd’hui, le grand âge et la dépendance. Des dossiers qui devront être traités en concertation avec le ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées, Damien Abad, qui après avoir fustigé la politique des gouvernements Philippe et Castex, lors du premier quinquennat Macron, a décidé de changer de camp. Les mystères de la politique sans doute…