L’alimentation doit se présenter comme un enjeu éthique et politique au cœur de la redéfinition d’un projet commun de société. Elle touche tout autant les dimensions anthropologiques, sociales et culturelles qu’organisationnelles ou économiques. Manger, c’est bien plus que répondre à un besoin physiologique. Manger, c’est bien plus que le vecteur d’un circuit économique. Manger, c’est choisir des valeurs et décider des finalités.
Autrement dit, manger est un acte éthique qui implique des orientations politiques. Tel est le postulat du dossier publié dans le numéro 4 de la Revue française d’éthique appliquée (RFEA); la publication scientifique de l’Espace éthique Île-de-France.
« En cette période d’Etats généraux de l’alimentation, il nous a semblé pertinent de nous pencher sur une éthique alimentaire comme questionnement existentiel sur le monde de relations que nous construisons lorsque nous mangeons » analyse Emmanuel Hirsch, directeur de l’Espace éthique Île-de-France. Cette édition propose ainsi un dossier thématique « Se nourrir, un enjeu éthique », des regards croisés sur le thème de « l’éthique, fabrique de consensus ? » ainsi que des articles libres.
Partant du postulat selon lequel la question alimentaire est à traiter de façon transversale au-delà des découpages qui la réduisent à une pratique, une politique ou une économie particulières, le dossier laisse une grande part à des réflexions de contributeurs comme « se nourrir c’est aussi manger des valeurs » ou encore « éthique du care et démocratie alimentaire : les enjeux du droit à une alimentation durable ».
Une initiative pour le moins heureuse, à l'heure où l’alimentation semble revenir au cœur des préoccupations publiques, notamment avec l’organisation d’Etats généraux consacrés à cette question. Une initiative dans la droite ligne de cette publication universitaire francophone née dans le Département de recherche de l’Université Paris-Sud Paris-Saclay et de l’Espace de réflexion éthique/Ile-de-France (ERER/IDF) et dont la vocation est de contribuer à la valorisation et la diffusion de la réflexion et de la recherche en éthique appliquée.
Véritable espace public d’analyse, d’approfondissements et d’échanges ouvert à la diversité des domaines de l’éthique appliquée et des approches disciplinaires (notamment : sciences politiques, philosophie, sociologie, droit, économie, anthropologie, communication, histoire…), la RFEA témoigne ainsi d’engagements concrets soucieux du bien commun et dans les quatre grands champs de l’éthique appliquée : l’éthique de la santé et du soin, l’éthique économique et sociale, l’éthique environnementale et animale et l’éthique des sciences et technologies.