« Augmenter le nombre de lits de réanimation en France n’est pas la solution miracle ! » Alors même que depuis le début de la pandémie de la covid-19, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer le manque de lits en soins critiques et en demander une augmentation, le vice-président du CNP-ARMPO (Conseil National Professionnel Anesthésie Réanimation et Médecine Péri-Opératoire), Franck Verdonk, se veut plus nuancé.
« Lors de la première vague de la covid, des structures de réanimations éphémères ont été ouvertes pour faire face à la pression épidémique », explique-t-il. Le système de soins ayant su s’adapter, le jeune anesthésiste-réanimateur considère que la la solution serait ailleurs. « La gestion d’une crise sanitaire repose quasi-exclusivement sur les ressources humaines », précise t-il. En clair sur le nombre d’infirmiers et d’aides-soignants.
Selon le CNP-ARMPO la solution passerait par la mise en place de soignants (infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes, psychologues…) de soins critiques, mobilisables à tout moment. « Il est aujourd’hui nécessaire d’anticiper avec la création d’une véritable réserve soignante, associant tous les professionnels volontaires et compétents en soins critiques », précise le Pr Pierre Albaladejo, président du CNP-ARMPO. C’est l’une des quatorze propositions formulées par le CNP-ARMPO dans son livre blanc.
Dans ce document remis en début de semaine au ministre de la Santé et des solidarités, Olivier Véran, l’organe national et institutionnel de représentation de la spécialité anesthésie-réanimation médecine périopératoire, qui associe les différentes composantes scientifiques, syndicales et universitaires de la spécialité, propose également de « créer une compétence spécifique et reconnue d’infirmier de soins critiques ».
Conscient de la nécessité d’expliquer aux Français comment fonctionnent les soins critiques, le CNP-ARMPO propose également de mettre en place un portail d’information national sur les soins critiques a` destination de tous les usagers. « Mieux informés sur les soins critiquesnos concitoyens auraient ainsi conscience que plus de 80 % des personnes admises connaissent une issue favorable et que ce chiffre est en constante augmentation », ajoute l’ anesthésiste-réanimateur grenoblois.
Le numérique permettant non seulement d’informer, mais également de former, le CNP-ARMPO propose de « créer un portail unique d’accès à la formation pour l’ensemble des professionnels de santé à même d’intervenir en soins critiques et quel que soit leur parcours ». L’ensemble des intervenants dans les unités de soins critiques pourraient ainsi compléter et mettre à jour leurs connaissances au travers du développement professionnels continu (DPC). Autant de propositions qui démontrent combien la santé ne sauraient être améliorée par une simple approche comptable.
Les soins critiques en quelques chiffres
• 14 000 lits de soins critiques en France (hors spécialités)
• 819 000 patients pris en charge chaque année en soins critiques
• 11 000 infirmiers pour s'occuper des patients critiques
• 12 000 médecins compétents en soins critiques en France dont 11 000 anesthésistes-réanimateurs et 1 000 médecins intensivistes-réanimateurs
* Sources : DREES 2019, ATIH 2019, ACCPM 2020, CNOM