« Nous avons le cœur brisé… » En cette journée de la Saint Valentin, l’occasion était trop belle pour les personnels et les praticiens hospitaliers de se faire entendre des pouvoirs publics avec un slogan certes facile mais surtout significatif de leur grande colère qui débouche parfois sur un désespoir bien présent. « On ne sait plus quoi faire » expliquait ainsi un manifestant parisien, En criant leur « amour de l’hôpital public » certains gardaient l‘espoir de voir le gouvernement prendre la juste mesure de la situation plus que délicate de beaucoup d’établissements et de nombreux services.
Pourtant le gouvernement et surtout la ministre de la santé, en annonçant an novembre dernier une rallonge budgétaire pour les établissements, une reprise partielle de la dette des hôpitaux (10 milliards quand même), une augmentation des primes voire parfois des rémunérations espéraient voir revenir le calme dans les établissements.
Or, c’est presque le contraire qui s’est produit. De très nombreux médecins ont démissionné de leurs taches administratives dans les services, créant parfois une belle pagaille; les services d’urgence sont toujours en grève. Les personnels infirmiers et aides soignants multiplient actions et revendications. A l’évidence Edouard Philippe, en prenant ces mesures espérait bien que le calme revendrait. Il n’en a rien été. Mieux, les débats et les manifestations autour de la réforme des retraites ont eu un effet boumerang : les personnels de l’hôpital ont eu la nette impression, pas toujours fausse au demeurant, que les français et le pouvoir exécutif les avaient un peu oubliés.
Ils se sont rappelés aujourd’hui à leur bon souvenir. Les élections municipales arrivent à point pour remettre à la « une » ces problèmes de l’hôpital. Médecins et personnels soignants ne perdent aucune occasion pour demander aux candidats leurs projets pour sauver l’hopital. Ils sont entendus la plupart du temps, en particulier dans les villes moyennes où l’hôpital est très souvent le premier employeur. Le citoyen, donc l’électeur, reste viscéralement attaché « à son » hôpital, garant d’un système de soins de proximité alors que les « déserts médicaux » tendent à gagner du terrain.
Agnès Buzyn, la ministre de la santé, l’a bien compris qui a décidé de rencontrer les responsables du secteur hospitalier avant la fin du mois alors que cette rencontre à l’origine devait avoir lieu en mars. Une initiative qui s’imposait.