Où qu’ils soient émis, les gaz à effet de serre ont un impact mondial. Les programmes d’action étroitement nationaux ne sont pas adaptés à la lutte contre le dérèglement climatique mondial. L’ambition des politiques d’atténuation des pays et les prix du carbone fixés par les pouvoirs publics doivent refléter les bienfaits mondiaux – et non nationaux – de l’action climatique. Les pays doivent donc élargir leur vision au-delà d’étroits programmes d’action nationaux pour faire baisser les émissions mondiales et réduire les risques climatiques.
La transformation de nos sociétés et de nos technologies vers le bas-carbone est désormais irréversible. La question est seulement de savoir si elle ira assez vite. À trop se focaliser sur le court terme et sur des intérêts nationaux étroits, on empêche une action efficace face aux émissions. En l’absence de vision et de détermination, toujours plus de pays risquent de se retrancher davantage sur leurs positions… Pourtant, nous pâtirions tous de ce sombre scénario. J'ai donc toujours l'espoir de voir à l’avenir le gouvernement des États-Unis reconsidérer sa décision de sortir de l’Accord de Paris.
Car en tardant à agir, les gouvernements courront davantage le risque d’engendrer des populations laissées pour compte et des actifs échoués. Les progrès technologiques rapides continueront certes d’alimenter la transition, mais les transformations ne pourront pas intervenir au rythme et à l’échelle nécessaires pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sans des interactions positives entre des politiques publiques énergiques et le potentiel transformateur des acteurs non étatiques.
Dans de nombreux pays, les conditions économiques offrent l’opportunité d’agir maintenant, pour stimuler la croissance et les investissements qui favoriseront la transition vers un monde résilient et sobre en carbone, prospère et inclusif. Une politique climatique ambitieuse est tout simplement une bonne politique, a-t-il déclaré, ajoutant que « les gouvernements devraient hâter l’arrêt des subventions aux énergies fossiles, qui s’élèvent toujours à environ 500 milliards de dollars par an.
Les réductions d’émissions auxquelles les pays se sont engagés jusqu’à présent n’empêcheront pas une hausse moyenne des températures de 2,6 à 3,1 degrés Celsius d’ici à la fin du siècle, d’où la nécessité pour les pays de définir des objectifs plus ambitieux à long terme. Pour tenir ces objectifs, les gouvernements doivent fixer des prix du carbone qui reflètent progressivement le coût social mondial – et non simplement national – des émissions de CO2, et aligner leurs cadres d’action politiques, financiers et de planification pour parvenir à une croissance inclusive et respectueuse du climat.
S’il est encourageant de voir des États, des villes, des entreprises et des individus faire avancer des initiatives vertes, l’efficacité de ces efforts dépendra de l’action des gouvernements nationaux, qui peuvent les aider ou les bloquer. Les gouvernements devraient remédier aux incohérences entre les politiques économiques et climatiques et prendre des mesures pour stimuler l’investissement et l’innovation verts.
Les efforts d’atténuation du changement climatique convenus dans l’Accord de Paris seraient plus efficaces économiquement si l’on parvenait à une harmonisation des prix du carbone entre les pays. Un système d’échange de quotas d’émission pleinement international pourrait diviser par deux le coût des réductions d’émissions promises. Aux pays développés d'engager leur responsabilité en matière de mobilisation de financements pour l’action climatique dans les pays en développement.