La procédure de renouvellement de l'autorisation du glyphosate est actuellement en cours au niveau européen. La Commission « environnement et santé publique » du parlement européen vient le 19 octobre de largement voter - avec 39 voix pour, 9 contre et 10 abstentions - pour une objection à la proposition de la Commission européenne de renouvellement de l'autorisation du glyphosate pour une durée de 10 ans. Nous proposons maintenant une sortie du glyphosate dans un délai de 3 ans maximum.
Une sortie progressive du glyphosate est possible. Le scénario apocalyptique développé par le lobby agrochimique ne tient pas debout. Des techniques pour une agriculture sans pesticide existent et beaucoup d'agriculteurs utilisent déjà des méthodes alternatives aidées par les autorités publiques (la PAC notamment), via des financements et des mesures agro-environnementales compensant les coûts de la transition. Il est plus que temps de changer de cap et de passer à un modèle agricole durable au profit des agriculteurs, de la protection de l'environnement et de la santé des consommateurs.
Ce dossier est la caricature de la collusion entre les intérêts privés de ce Léviathan qu'est Monsanto et la sphère publique. La participation de l'industrie à la rédaction de l'évaluation de la toxicité du glyphosate par l'EFSA pose de solides questions sur la fiabilité et l'indépendance de son expertise. Les révélations des « Monsanto Papers » montrent l'étendue des manigances, des dissimulations et des manipulations de Monsanto, le principal producteur et bénéficiaire du glyphosate grâce aux ventes de Roundup. L'emprise et la puissance de Monsanto est telle que l'information scientifique "objective" se voit trop souvent capturée et discréditée dans le seul intérêt de l'industriel.
Les députés européens de tous bords politiques en ont assez. Plusieurs groupes politiques du Parlement Européen discutent actuellement de la mise en place d'une commission parlementaire destinée à faire toute la lumière sur cette lutte d'influence contraire à l'intérêt général et pour corriger les failles de fonctionnement des agences européennes.
L'impact du glyphosate ne concerne pas seulement notre santé. Cet herbicide est devenu le symbole d'une industrie des pesticides qui intoxique sans vergogne la science, les décideurs et les esprits. Le véritable bilan socio-économique du glyphosate sur les sols, l'eau, la résistance antibiotique, les aliments contaminés, les populations, reste à produire.
Je rappelle que plus de 1,4 millions de citoyens européens ont signé une Initiative Citoyenne européenne pour dire "stop glyphosate !".
Les députés européens de la commission environnement se sont clairement exprimée en faveur d'une sortie du glyphosate. Cette résolution, malheureusement non contraignante, doit être votée en plénière demain, le 24 octobre. Il serait désastreux dans ces conditions que les états membres, le lendemain 25 octobre, approuvent la proposition de la Commission européenne visant à renouveler la commercialisation du glyphosate pour 10 ans, voire pour 5 ans sans scénario de sortie.
Car une réhomologation, même pour une durée de temps plus réduite que 10 ans, ne règle en rien le problème qui se posera à nouveau dans X années. Il faut une date butoir de sortie du glyphosate le plus tôt possible. Il est temps de rompre les liaisons dangereuses entre les multinationales et les institutions européennes. Il est temps qu'une autre Europe apparaisse : une Europe qui protège notamment la santé de ses concitoyens.