Emmanuel Macron peut-il gagner son pari ? En clair, un nouvel confinement peut-il être évité, alors que la plupart des médecins et des scientifiques pensent le contraire, que l’opposition politique stigmatise une décision démagogique et inique, selon elle, et que les français sont pour les moins sceptiques sur le bien fondé de ces nouvelles orientations.
En tous cas, le Président de la République insiste sur certains signes qui pourraient, pense-t-il, lui donner raison. Ainsi le fait que dans les derniers jours précédant sa décision, la circulation du virus et de ses variantes semblait moins intense, (fait dire imprudemment à un ministre que la situation est « sous contrôle »), un incité l’exécutif à décider qu’il était urgent d’attendre...
Le Chef de l’Etat, contrairement à son ministre de la santé et à son Premier ministre, espère que les vacances scolaires d’hiver qui démarrent le 6 février en zone A et se terminent le 1er mars en zone C, contribueront à réduire les brassages et donc à limiter la propagation plus rapide de l’épidémie. Emmanuel Macron espère aussi que les français las des confinements respectont strictement les gestes barrières et ne profiteront pas de ces vacances pour se déplacer de façon inconséquente. Enfin, le chef de l’Etat est persuadé que les décisions de fermer les centres commerciaux non alimentaires de plus de 20 000 M2 et de fermer les frontières limiteront considérablement la circulation du virus.
Toutes ces « bonnes » raisons sont quand même sujettes à caution. Car même s’il est possible que le virus circule de façon plus modérée que dans certains pays (quoique...), la situation sanitaire de la France est quand même très dégradée avec un nombre de nouveaux contaminés toujours important, des patients hospitalisés en augmentation, des malades en réanimation toujours nombreux et des régions qui sont en détresse et contraintes de faire appel à d’autres régions pour hospitaliser leurs patients. Il faut prendre en compte cette situation.
Mais le plus étrange dans cette affaire, c’est la cacophonie qui semble régner au plus niveau de l’Etat. Les discours divergents entre les partisans du reconfinement et ceux qui ne l’ont pas, entre ceux qui voulaient allonger les vacances scolaires et ceux qui y sont opposés, entre ceux qui disent que la vaccination est un succès et ceux qui s’inquiètent des retards... Il y a matière à douter. Quel chemin est emprunté ? Quelle logique conduit cette politique ?
Emmanuel Macron fait un autre pari. En disant en creux aux français : si on reconfine, c’est que vous n’aurez pas respecté les règles, il fait porter sur l’ensemble des citoyens une responsabilité qui n’est pas mobilisatrice, Un argument contestable. Les français ont joué et jouent le jeu. Ce que ne manque de dire paradoxalement Jean Castex, à chacune de ses prestations.
Les français pourraient renvoyer la balle au chef de l’Etat et lui remettre en mémoire les déclarations de sa ministre de la santé qui en janvier 2020 affirment que « les risques de propagation, du virus sont très faibles » ; ils pourraient lui rappeler aussi les « ratés » des masques, des respirateurs, des tests et même des vaccins. Voire d’une politique qui a ignoré la compétence et la mobilisation des élus locaux.
Il faut espérer qu’Emmanuel Macron réussisse son pari. Echouer contrarierait peut être sa réelection, mais surtout, la situation serait mal vécue par les français qui seraient passés de l’espoir au désenchantement avec un nouveau confinement.
« A moyen terme, écrit Le Monde, il (Le Président) sera tenu pour responsable d’une aggravation de la situation si, par malheur, l’épidémie devait brusquement s’emballer au point d’imposer une potion d’autant plus amère qu’elle a été tardive ». Avec des conséquences sociales qui effraient déjà.