Depuis le début du confinement, les patients sont très inquiets à l’idée de se rendre dans un établissement de soin ou un cabinet médical, lieu de contagion possible. Ainsi les médecins et chirurgiens spécialistes des maladies vasculaires ont vu leurs patients déserter les consultations. Or le COVID-19 n’a pas diminué la gravité de ces pathologies.
« La gravité du COVID-19 sur certains patients ne doit pas occulter les conséquences parfois dramatiques de maladies vasculaires non suivies ou non traitées. Aujourd’hui, les médecins et spécialistes des pathologies vasculaires se sont organisés pour accueillir ces patients en toute sécurité. Il est impératif qu’ils reviennent en consultation, et ils peuvent le faire de façon sereine », détaille le Pr Eric STEINMETZ, chirurgien vasculaire et endovasculaire - chef du service de chirurgie cardio-vasculaire et thoracique du CHU François Mitterand à Dijon, et Secrétaire Général de la Société de Chirurgie Vasculaire et Endovasculaire de langue française.
Par exemple, l’artériopathie des membres inférieurs, non traitée, peut entraîner une amputation. Cette maladie est due à un dépôt de cholestérol dans les artères, qui perturbe la circulation sanguine et réduit l'apport d'oxygène aux muscles. Autre exemple, la sténose carotidienne, rétrécissement de la carotide dans le cou peut provoquer un AVC. Ce rétrécissement doit être surveillé et traité avant la survenue des complications.
Reprise sécurisée des consultations et des soins
Les médecins et spécialistes vasculaires appellent les patients à reprendre rendez-vous avec leurs médecins généralistes ou spécialistes pour mettre en place la prise en charge ou le suivi adaptés.
Après une période de confinement, les médecins et chirurgiens vasculaires se sont organisés pour accueillir les patients dans les cabinets médicaux, chirurgicaux, les cliniques et les hôpitaux :
Distanciation : le parcours à l’intérieur des cabinets médicaux, des cliniques et des hôpitaux sera tracé et clairement séparé de celui des patients atteints ou suspects de Covid. Les places en salles d’attente sont limitées, les horaires de consultations seront calculés pour que les patients ne se croisent pas, et restent à distance de la secrétaire (derrière un écran de protection le plus souvent) et du personnel soignant.
Le port du masque est obligatoire pour les consultants, les accompagnants, et le personnel soignant.
Hospitalisation : elle se fera en chambre seule, dans une unité non-Covid. Les patients seront à l’écart de la zone Covid durant l’hospitalisation, mais aussi lors des examens complémentaires, et au bloc opératoire.
Afin de permettre un suivi rigoureux pour tous les patients quelles que soient leurs pathologies, et notamment les maladies des artères et des veines, toutes les précautions seront prises pour protéger nos patients du Covid, mais le risque ne sera jamais égal à zéro.
Dans tous les cas, les risques encourus par la maladie des veines ou des artères seront mis en balance avec les risques dus au Covid.
POUR EN SAVOIR PLUS
Rappels sur les pathologies et les signes qui doivent inquiéter
Artérite ou artériopathie des membres inférieurs
Claudication (crampe dans les muscles du mollet, de la cuisse ou de la fesse, qui survient après une certaine distance de marche) d’aggravation rapide n’autorisant à faire que quelques mètres avant l’apparition de la douleur.
Douleurs permanentes dans le pied ou la jambe, insomniante, obligeant à dormir au fauteuil ou à faire pendre la jambe hors du lit
Plaie des orteils, du pied ou de la jambe, apparue spontanément ou après un traumatisme, douloureuse et sans signe d’amélioration au bout de quelques jours, malgré les soins de pansement
Gangrène à partir d’une de ces plaies, qui remonte vers la jambe, avec parfois de la fièvre et des frissons
Les patients pour lesquels une intervention, une consultation chez le chirurgien ou l’angiologue ont été annulées doivent reprendre contact avec leurs médecins.
Anévrysme de l’aorte
L’aorte au niveau du nombril grossit, se dilate et peut finir par éclater et provoquer une hémorragie dans le ventre, mortelle si elle n’est pas opérée.
Il est dangereux quand son diamètre dépasse 55 mm. Plus il grossit, plus le risque de rupture est grand.
Les signes inquiétants sont des douleurs du ventre ou du dos qui ne passent pas : en présence d’un anévrysme de l’aorte et de ces douleurs, il faut se rendre immédiatement aux urgences
Les patients pour lesquels une intervention a été annulée doivent reprendre contact avec leur chirurgien
Sténose carotidienne
Un rétrécissement de la carotide dans le cou peut provoquer une attaque cérébrale ou AVC, qui se traduit par une paralysie du bras et/ou de la jambe de l’autre côté (hémiplégie), des difficultés à parler ou à comprendre les mots (aphasie), un voile noir devant l’œil du même côté. Ces signes ne durent parfois que quelques minutes, et sont dangereux car ils précèdent souvent la survenue de signes plus graves qui ne disparaitront pas.
Ce rétrécissement peut rester sans aucun signe et s’aggraver petit à petit : dans ce cas il faut le surveiller par écho-doppler, puis le traiter avant les complications.
Les patients pour lesquels une intervention, une consultation chez le chirurgien ou l’angiologue ont été annulées doivent reprendre contact avec leurs médecins.
Abords pour hémodialyse
Une fistule artério-veineuse permet de filtrer plusieurs fois par semaine le sang, quand les reins ne fonctionnent pas correctement. Elle devient une ligne de vie pour le patient insuffisant rénal.
Elle doit être créée par une opération faite suffisamment tôt pour qu’elle puisse se développer (maturation) avant d’être utilisable.
Elle doit ensuite être surveillée régulièrement cliniquement et par écho-doppler, car elle peut se dilater (anévrysme), se rétrécir (sténose), se boucher (thrombose) ou s’infecter. Toutes ces complications sont évitables si une surveillance régulière par examen clinique et écho-doppler est faite.
Varices
La survenue de thrombose des branches variqueuses (para-phlébite ou périphlébite), ou l’apparition d’ulcère au niveau des jambes doivent mener à une consultation chez le chirurgien ou l’angiologue.