Comme nombre de démocraties occidentales, les États-Unis sont un pays en crise. C’est une crise protéiforme puisqu’elle est à la fois économique, démocratique, sanitaire et politique. Et cette crise révèle une profonde division de la société américaine ; non pas en deux camps, avec d’un côté les Démocrates et de l’autre les Républicains, mais en trois puisqu’aujourd’hui près de 40% des Américains ne votent pas. Ce nombre croissant d’abstentionnistes révélant un rejet massif de politiciens perçus comme « hors sol » voire corrompus. D’où la grande difficulté à pronostiquer un gagnant entre les deux actuels concurrents à la Maison Blanch e; ave à la clé un scrutin qui sera inndéniablement serré
La société américaine a désormais atteint le paroxysme du bipartisanisme. Face à un système désormais extrêmement rigide et à l’incapacité des médias - en particulier les chaines d’information continue - à sortir de la théâtralisation de la vie politique, le débat public semble bel et bien sclérosé.
Pour sortir de cette situation, il conviendrait d’abord de passer du système des grands électeurs à une démocratie directe. Le président ne pourrait plus ainsi être élu avec moins de voix au total que son concurrent comme cela fut le cas en 2000 avec George W. Bush face à Al gore ou en 2016 avec Donald Trump face à Hillary Clinton.
A l’instar de ce que les états du Nebraska et du Maine ont mis en place, une part de proportionnelle pourrait aussi être instaurée. De même faudrait-il augmenter le financement public des candidats, hors grand grands partis, et supprimer la commission des débats présidentiels et vice-présidentiels que les Républicains et les Démocrates ont créés en 1987 pour régir les débats télévisés et ainsi privilégier leurs candidats.
Enfin, pour donner un peu d’air au système, il me semble primordial que les médias nationaux reprennent la main en invitant les candidats des « petits partis » et s’inspirent de ce que la ligue des femmes électrices avaient fait en 1976, lorsqu’elle avait été chargée d’organiser le débat présidentiel.
Les quelque 235 000 Américains morts à cause de la Covid et le nombre considérable de familles touchées par ce virus montrent combien cette crise sanitaire aura impacté la campagne électorale. Les déclarations des deux candidats sur la mise sur le marché d’un futur vaccin démontrent également l’empreinte de cette pandémie sur l’élection du 46e président des États-Unis. Il faut enfin garder à l’esprit qu’avec l’économie et l’emploi, la santé fait partie des principales préoccupations des américains.
Le problème est en effet antérieur à l’apparition du coronavirus. La loi sur la protection des patients et les soins Abordables (Patient Protection and Affordable Care Act), surnommée « Obamacare » avait tenté d’y apporter une réponse. Mais de manière imparfaite, puisqu’elle a créé un marché d’assurances épaulé par l’État avec l’instauration de franchises tellement élevées que nombre d’Américains ont renoncé aux soins. Une vingtaine de millions de personnes qui vivaient sans soins ont néanmoins adhéré à l’Obamacare. Mais il reste encore quelque 10% de la population à demeurer sans assurance.
La santé demeure donc une préoccupation centrale aux États-Unis, où elle a d’ailleurs occupé un temps la campagne des primaires grâce à Bernie Sanders. Conscient des insuffisances de Medicaid, dont bénéficient les plus pauvres et de l’inadaptation de l’Obamacare, il en avait fait un point central de son programme. Quant à Donald Trump, il n'a eu de cesse de vouloir démanteler la loi sur l'assurance santé et l'a encore montré en nommant à la Cour Suprême Amy Coney Barrett, une juge qui s'est toujours déclarée opposée à cette réforme.