1. Des représentations anxiogènes liées à la fin de vie qui impactent le développement des politiques d’accompagnement des patients
La fin de vie, une question qui soulève encore de nombreux tabous
Les professionnels de santeÌ rencontreÌs dans le cadre du volet qualitatif de l’enqueÌ‚te mettent en lumieÌ€re l’une des principales difficulteÌs dans leur travail d’accompagnement : le tabou que repreÌsente encore, dans notre socieÌteÌ, la fin de vie.
En effet, selon eux, celui-ci est loin d’eÌ‚tre leveÌ. Le sujet de la mort est souvent eÌvacueÌ par notre socieÌteÌ occidentale, comme si nous eÌtions dans le deÌni de la question de la mort et donc de la fin de vie. Cette posture est amplifieÌe deÌ€s que l’on aborde la question de la fin de vie des enfants.
De plus, bien que les professionnels de santeÌ deÌnoncent cette posture, le tabou de la mort se reÌpercute aussi parmi les soignants, notamment ceux qui ne sont pas en USP. La mort reste celle qu’il faut eÌloigner ou retarder le plus longtemps possible par des soins theÌrapeutiques. L’eÌtape de l’arreÌ‚t des soins curatifs eÌtant presque un aveu d’eÌchec dans la teÌ‚te de nombreux soignants, ceux-ci ne sont pas toujours les plus enclins aÌ€ diriger les patients vers les USP. A l’inverse, le tabou de la mort « saute » plus facilement deÌ€s lors qu’on est en USP, car les personnels y sont plus formeÌs. Leur expeÌrience les a souvent ameneÌs aÌ€ avoir une reÌflexion approfondie sur le sujet, avec, en geÌneÌral, une vision plus sereine et une forme d’acceptation du passage de la vie aÌ€ la mort, avec l’ideÌe qu’il faut justement preÌparer au mieux ce passage.
Des tabous qui se reÌpercutent dans les perceptions des Français vis-aÌ€-vis de la fin de vie, sujet d’inquieÌtude personnelle et preÌoccupation socieÌtale
Le sujet de la fin de vie constitue une source d’inquieÌtude commune aÌ€ une treÌ€s large partie de la population. Plus des trois quarts des Français deÌclarent ressentir de l’inquieÌtude en pensant aÌ€ leur fin de vie (76%), plus d’un tiers la ressentant meÌ‚me fortement (34%). Par ailleurs, 6% seulement affirment qu’ils n’y ont jamais penseÌ. Sans surprise, les populations ressentant le plus cette forte inquieÌtude sont les personnes de plus de 65 ans (34%) ainsi que les veufs ou veuves (51%).
Cette inquieÌtude vis-aÌ€-vis de l’accompagnement lors de sa fin de vie est projeteÌe aÌ€ l’eÌchelle de l’ensemble de la socieÌteÌ, une proportion eÌquivalente estimant que cette theÌmatique est un sujet qui compte dans les preÌoccupations des Français (75%), et un quart d’entre eux deÌclarant qu’elle compte « beaucoup » (26%).
Une forte notoriété des soins palliatifs qui va de pair avec une appréciation positive de ces soins par la population, malgré une diffusion trop restrictive et inégale de la démarche palliative décriée par les professionnels
Le terme de soins palliatifs est connu de la quasi-totaliteÌ des Français (94%), et une large majoriteÌ dit bien connaiÌ‚tre ce dont il s’agit (70%). A l’opposeÌ, seuls 6% n’en ont jamais entendu parler. Encore une fois, les plus aÌ‚geÌs font eÌtat de leur proximiteÌ un peu plus forte aÌ€ cette theÌmatique, l’unanimiteÌ des 65 ans et plus ayant deÌjaÌ€ entendu parler des soins palliatifs (100%).
Comme en 2016, un tiers des Français ont deÌjaÌ€ veÌcu une expeÌrience personnelle en lien avec les soins palliatifs. 36% affirment ainsi que l’un de leurs proches en a deÌjaÌ€ beÌneÌficieÌ lors de sa fin de vie (32% en 2016, proportion comparable). ReÌsonnant avec la question de l’existence d’ineÌgaliteÌs face aÌ€ l’acceÌ€s aÌ€ ces soins, on peut souligner la part de Français de cateÌgorie socioprofessionnelle eÌleveÌe (cadres, professions intellectuelles supeÌrieures) ayant eu un proche beÌneÌficiant de soins palliatifs, leÌgeÌ€rement plus eÌleveÌe que la moyenne (40%).
A cet eÌgard, un certain nombre de professionnels de santeÌ rencontreÌs lors de l’enqueÌ‚te qualitative deÌplore l’ineÌgaliteÌ criante qu’il perçoit dans l’accompagnement :
- Selon le type d’eÌtablissements : des petites USP treÌ€s en pointe sur l’accompagnement versus des grands eÌtablissements ouÌ€ la deÌmarche palliative est encore treÌ€s rarement inteÌgreÌe.
- Selon les zones geÌographiques : des zones territoriales bien doteÌes, notamment les grandes villes (en particulier la ReÌgion Parisienne) versus des zones mal couvertes ouÌ€ les moyens de prise en charge sont plus que limiteÌs (absence d’USP, HAD doteÌe de trop peu de moyens pour couvrir le territoire dans de bonnes conditions et avec une bonne qualiteÌ de soins).
- Selon le type de prise en charge : en structure ou aÌ€ domicile. Du point de vue des soignants, la prise en charge est faciliteÌe par le travail pluridisciplinaire en eÌquipe en structure (USP), a contrario de l’isolement creÌeÌ par l’accompagnement aÌ€ domicile.
- Selon les caracteÌristiques du patient lui-meÌ‚me, avec une iniquiteÌ dans l’accompagnement selon l’aÌ‚ge, la CSP, la situation d’isolement social.
Du point de vue des Français ayant connu un proche en soins palliatifs, le cadre hospitalier est, de loin, le principal environnement dans lequel ceux-ci ont eÌteÌ prodigueÌs : c’est le cas pour 84% des personnes interrogeÌes ayant eu l’expeÌrience d’un proche en soins palliatifs (en majoriteÌ dans un service deÌdieÌ aux soins palliatifs - 52% - et preÌ€s d’un tiers – 32% - dans un autre service : ce chiffre peut recouvrir aÌ€ la fois l’action d’une uniteÌ de soins palliatifs mobiles comme l’association par certains d’une fin de vie aÌ€ l’hoÌ‚pital aux soins palliatifs).
L’expeÌrience de soins palliatifs aÌ€ domicile (18%) ou en maison de retraite (12%) reste treÌ€s minoritaire aÌ€ l’eÌchelle de la population française.
Il est important de souligner que de manieÌ€re globale, les soins palliatifs jouissent d’une bonne image aupreÌ€s de la population, plus de huit Français sur dix estimant qu’ils constituent une reÌponse pertinente et efficace aux besoins speÌcifiques des personnes en fin de vie (81%). Parmi ceux-ci, un quart s’en montrent convaincus (25%), une majoriteÌ partageant « plutoÌ‚t » cette opinion – ce chiffre pouvant eÌ‚tre le signe d’une difficulteÌ aÌ€ faire eÌtat d’un avis trancheÌ sur un type de soins qui ne concerne ou n’a eÌteÌ expeÌrimenteÌ via des proches que par une minoriteÌ de la population. Les personnes ayant une expeÌrience indirecte des soins palliatifs sont proportionnellement plus nombreuses aÌ€ estimer qu’ils repreÌsentent une reÌponse « tout aÌ€ fait » pertinente et efficace aux enjeux de la fin de vie (32%, + 7 points par rapport aÌ€ la moyenne).
NeÌanmoins, l’image des soins palliatifs reste aujourd’hui associeÌe aÌ€ celle de l’accompagnement des derniers moments de vie, obeÌrant tout un pan des soins palliatifs.
Ce constat est dresseÌ par de nombreux professionnels de santeÌ - et notamment les aidants - intervieweÌs lors de l’enqueÌ‚te qualitative. Ceux-ci regrettent une diffusion trop restrictive, insuffisamment en amont, de la deÌmarche palliative, avec un amalgame reÌcurrent entre d’un coÌ‚teÌ la fin de vie et de l’autre, les soins palliatifs. Dans ce contexte, perdure une image des soins palliatifs comme l’ultime recours, associeÌs aÌ€ la toute fin de vie, aÌ€ l’imminence de la mort, ce qui fait eÌvidemment peur... alors que l’accompagnement des personnes en fin de vie devrait pouvoir englober quelque chose de plus large, avec une reÌflexion bien en amont de la fin de vie.
2. La prise en charge de la souffrance, notamment psychique, au cœur des enjeux de la fin de vie.
Miroir des craintes des Français, la prise en charge de la souffrance, sous toutes ses formes, reste l’enjeu le plus important dans la prise en charge de la fin de vie
La prise en charge de la douleur physique est ainsi perçue comme l’enjeu prioritaire dans le cadre de l’accompagnement de personnes en fin de vie, citeÌe par les deux tiers des personnes interrogeÌes (66%, dont 39% la citent en prioriteÌ).
La souffrance psychique est eÌgalement largement citeÌe (48%, dont 14% la citent en prioriteÌ), aux coÌ‚teÌs du fait de pouvoir eÌ‚tre pris en charge aÌ€ domicile (52% le mentionnent comme un enjeu prioritaire, dont 25% le citent en premier lieu).
Ces prioriteÌs font directement eÌcho aux principales craintes dont font traditionnellement eÌtat les Français lorsqu’ils sont interrogeÌs sur le sujet de la fin de vie : la souffrance, et le fait de ne pouvoir rester chez soi, avec ses proches.
La preÌgnance de ces craintes est telle que les dimensions lieÌes aÌ€ la liberteÌ laisseÌe aÌ€ la personne en fin de vie ou au confort dont elle beÌneÌficie restent minoritaires dans la priorisation des enjeux : le confort et convivialiteÌ de l’environnement du patient et la liberteÌ laisseÌe dans la vie quotidienne sont choisis comme eÌleÌments les plus importants de l’accompagnement en fin de vie par moins de trois Français sur dix (respectivement 29% et 24%).
Alors que la douleur physique semble bien prise en compte en France, les dimensions liées à l’épreuve psychique que cela représente restent à développer
La prise en charge de la douleur physique, jugeÌe comme la dimension la plus importante dans un contexte de fin de vie, est aujourd’hui perçue comme suffisamment deÌveloppeÌe, seuls 27% estimant qu’elle devrait eÌ‚tre ameÌlioreÌe. Les trois plans nationaux de lutte contre la douleur successivement mis en place dans les anneÌes 2000 semblent aÌ€ cet eÌgard avoir impreÌgneÌ les esprits.
Vues comme des enjeux importants par preÌ€s d’un reÌpondant sur deux, la souffrance psychique ainsi que celle lieÌe au fait de ne pas pouvoir eÌ‚tre pris en charge aÌ€ domicile ne semblent toutefois pas suffisamment prises en compte en France, par respectivement 44% et 39% des reÌpondants.
Les eÌleÌments relatifs aux soins palliatifs comme la liberteÌ laisseÌe au patient dans sa fin de vie et le confort et la convivialiteÌ de l’environnement du patient, perçus comme plus secondaires, meÌritent neÌanmoins un effort de deÌveloppement aux yeux de nombreux Français (respectivement 40% et 37% des reÌpondants).
La prise en charge de la souffrance psychique : un accompagnement global et une approche pluridisciplinaire
Du point de vue des professionnels de santeÌ, l’enjeu numeÌro 1 du soulagement de la douleur psychique est souvent le fait d’atteÌnuer la souffrance par une qualiteÌ d’accompagnement humain. Les manifestations de cet accompagnement se deÌclinent en une multitude de petites initiatives visant aÌ€ redonner gouÌ‚t au patient aÌ€ la vie et aÌ€ le reÌinseÌrer au maximum dans des situations de vie lui procurant bien-eÌ‚tre, plaisir, deÌtente mais surtout « faisant sens », c'est-aÌ€-dire en ligne directe avec son parcours de vie. Certains professionnels en soins palliatifs insistent par ailleurs sur la neÌcessiteÌ d’accompagner la personne dans sa globaliteÌ plutoÌ‚t que de seÌrier l’accompagnement par type d’approche (physique / psychique / sociale), ce qui place vraiment au cœur la posture du soignant capable d’embrasser conjointement ces diffeÌrentes dimensions par son humaniteÌ et son sens de l’alteÌriteÌ, plus que par sa speÌcialiteÌ ou la speÌcificiteÌ de son type d’approche finalement.
En plus des approches theÌrapeutiques classiques, les professionnels de santeÌ recourent aÌ€ d’autres approches,tellesquelessoinsdesupportsetlesmeÌdecinesditesalternativesoudouces. Ellessont souvent beÌneÌfiques, notamment dans le traitement de la douleur ou de l’angoisse et permettent de moins recourir aux meÌdicaments et d’augmenter la qualiteÌ de la vie des patients en fin de vie. L’hypnotheÌrapie semble assez bien inseÌreÌe et reconnue. D’autres approches sont aussi eÌvoqueÌes : homeÌopathie, auriculotheÌrapie, acupuncture, osteÌopathie, aromatheÌrapie, zootheÌrapie, relaxation, sophrologie, shiatsu, massage, bain theÌrapeutique, reÌflexologie plantaire, orthophonie, luminotheÌrapie. Cependant, deux freins notables empeÌ‚chent une diffusion de ces approches. D’une part, le surcouÌ‚t en mateÌriel mais surtout en besoins de formation des personnels (NB : la mutualisation inter-hospitalieÌ€re est une piste pour reÌduire les couÌ‚ts). D’autre part, le coÌ‚teÌ orthodoxe et non conventionnel de ces approches ainsi que leur multipliciteÌ ont eÌgalement tendance aÌ€ deÌrouter les soignants.
La dimension d’accompagnement psychocorporel est eÌgalement un enjeu important : les soins estheÌtiques ou la socio-estheÌtique sont par exemple un aspect possible du travail d’accompagnement psychologique de patients dont le corps est malmeneÌ et meurtri.
Parmi les axes d’ameÌlioration de la prise en charge de la fin de vie, l’organisation et la qualiteÌ des soins sont des prioriteÌs incontournables
Le soin constitue le pilier indispensable de la prise en charge de la fin de vie aux yeux de la population. L’ameÌlioration de l’accompagnement des personnes en fin de vie doit passer en prioriteÌ pour sept Français sur dix par une meilleure organisation et qualiteÌ des soins, que ce soit par l’ameÌlioration du parcours de soins et le deÌveloppement d’uniteÌs de soins palliatifs pour eÌviter de trop nombreux transferts des patients (71% estiment que cet axe de progreÌ€s est primordial) ou par le deÌveloppement de la formation des meÌdecins aÌ€ ce sujet (70%).
A cet eÌgard, les prioriteÌs dont fait eÌtat la population reÌsonnent avec les constats que font les professionnels de santeÌ vis-aÌ€-vis de la formation aÌ€ la deÌmarche palliative : on observe un manque crucial de l’approche palliative au cours de la formation initiale des meÌdecins et plus largement des autres personnels soignants, meÌdicaux et parameÌdicaux. Selon les professionnels de santeÌ, il est essentiel de mieux former l’inteÌgraliteÌ du personnel soignant aÌ€ l’approche palliative, au cours de la formation initiale et via des modules au cours de la formation continue ; via aussi les eÌquipes mobiles et le reÌseau de soins palliatifs qui sont autant de vecteurs d’essaimage au-delaÌ€ des USP qui restent finalement des poÌ‚les d’excellence assez fermeÌs. La transmission de ce savoir est d’autant plus difficile que l’acceptation d’un accompagnement en fin de vie remet en cause la vision actuelle de la meÌdecine : gueÌrir les patients. Les soins palliatifs posent un autre paradigme, qui est celui de l’acceptation de la mort pour accompagner la personne en apaisant sa souffrance physique et psychologique.
Au-delaÌ€ du soin, l’accompagnement du patient en garantissant le respect de ses choix constitue eÌgalement un axe d’ameÌlioration primordial de la prise en charge de la fin de vie
Plus des deux tiers des Français estiment que l’accompagnement des patients est « primordial », que cela passe par la prise en charge aÌ€ domicile (70%) ou une peÌdagogie accrue vis-aÌ€-vis des droits des patients et de leurs possibiliteÌs de choix (64%, cette dimension rappelant les preÌoccupations croissantes des Français en matieÌ€re de deÌmocratie meÌdicale, de manieÌ€re globale).
Les professionnels de santeÌ soulignent que le retour aÌ€ domicile reste, en effet, un ideÌal largement reÌpandu parmi les patients. La monteÌe en puissance des solutions permettant le maintien aÌ€ domicile est reÌelle et elle accompagne logiquement le souhait reÌpandu parmi la population de finir ses jours aÌ€ la maison. Mais le retour aÌ€ domicile n’est pas toujours possible et demeure toujours complexe. En effet, il est confronteÌ aÌ€ trois grandes difficulteÌs : 1) la faisabiliteÌ du projet dans un temps court avant que la personne en fin de vie ne soit plus dans les conditions adeÌquates pour que le retour aÌ€ domicile ait lieu, 2) la reÌticence des aidants familiaux, dont certains peuvent ne pas toujours se sentir aptes aÌ€ accompagner leur proche au domicile pour ses derniers jours. 3) la neÌcessiteÌ de disposer de beaucoup de moyens mais aussi d’interventionnisme de la part des soignants comme des aidants familiaux et de collaboration / coordination entre tous les intervenants. Or sur ce point, les reÌseaux constitueÌs ne sont pas toujours jugeÌs optimaux du fait des contingences de limitation des budgets qui leur ont fait peser surtout un roÌ‚le de coordination au deÌtriment de leur roÌ‚le d’expertise.
3. Si la préservation de la liberté des patients apparaît secondaire en comparaison avec la prise en charge de la souffrance ou l’organisation et la qualité des soins, il s’agit néanmoins d’un véritable enjeu aux yeux des Français.
Parmi les axes d’amélioration de la prise en charge de la fin de vie, ceux liés au respect de l’autonomie du patient apparaissent également incontournables
Les dimensions lieÌes aÌ€ une liberteÌ preÌserveÌe autant que possible pour les patients en fin de vie sont aÌ€ promouvoir pour une majoriteÌ de Français : il serait primordial de deÌvelopper le maintien de la vie sociale pour 60% des personnes interrogeÌes, de laisser le patient libre dans sa vie quotidienne pour 55% d’entre eux et de maintenir un lien avec la nature pour 51%.
En revanche, le deÌveloppement des dimensions relatives au confort et aÌ€ l’ouverture au monde est jugeÌ plus largement « important mais pas primordial », en particulier l’acceÌ€s au wifi (46%), l’acceÌ€s aÌ€ la culture (53%) et l’intervention de professionnels de l’estheÌtique (57%).
En termes de confort et de bien-eÌ‚tre, le fait de pouvoir continuer aÌ€ mener une « vie normale » constitue le cœur des preÌoccupations des Français lorsqu’ils imaginent leur propre fin de vie
En se projetant dans leur propre fin de vie, les Français souhaiteraient en prioriteÌ eÌ‚tre libres de choisir leur rythme au quotidien (dimension citeÌe en premier par 32% des reÌpondants et 64% au total), mais aussi de pouvoir continuer aÌ€ profiter de la nature (23% la citent en prioriteÌ, 69% au total). Dans une moindre mesure, le fait de pouvoir continuer des petits plaisirs du quotidien est eÌgalement perçu comme important par une majoriteÌ (52%, dont 14% le citent en premier).
Ces attentes entrent en totale coheÌrence avec les deÌmarches qu’essaient de mettre en place les professionnels de santeÌ rencontreÌs lors de la phase qualitative.
Dans les USP, une attention particulieÌ€re est donneÌe au suivi personnaliseÌ et aÌ€ la liberteÌ donneÌe au patient dans la gestion de son emploi du temps (pouvoir faire une grasse matineÌe, pouvoir sortir diÌ‚ner avec des amis).
L’ideÌe de profiter jusqu’au bout en facilitant l’acceÌ€s aux « petits plaisirs » est aussi treÌ€s preÌsente dans les USP. Ainsi la dimension culinaire et gustative (une cave aÌ€ vin, des cuisines theÌrapeutiques, des repas organiseÌs par des chefs meÌdiatiseÌs) est souvent mentionneÌe. Elle est relativement simple d’acceÌ€s et pas forceÌment toujours treÌ€s compliqueÌ ou couÌ‚teuse aÌ€ mettre en place pour un beÌneÌfice visible et immeÌdiat pour les patients.
La place accordeÌe aÌ€ la nature prend aussi son importance pour ameÌliorer le mieux-eÌ‚tre du patient.
Le contact avec la nature eÌtant treÌ€s positif et apaisant pour les patients, sont mis en place des terrasses, des espaces verts, des jardins adapteÌs, permettant d’y faire circuler aiseÌment des lits et des fauteuils roulants, avec des plantations sureÌleveÌes (pouvant eÌ‚tre vues par les patients depuis leur lit) ou a minima, des baÌ‚timents penseÌs pour eÌ‚tre tourneÌs vers l’exteÌrieur (vue des chambres sur jardin par exemple).
Enfin, l’aspect estheÌtique des eÌtablissements est aussi une composante importante : le choix des couleurs des chambres, des murs, le choix du mobilier, etc. sont des cleÌs du mieux-eÌ‚tre des patients, sans forceÌment engendrer de surcouÌ‚t. Si des avanceÌes existent, on est encore loin d’avoir des eÌtablissements suffisamment jolis et chaleureux.
En revanche, les dimensions lieÌes aÌ€ la vie sociale et aÌ€ l’ouverture au monde apparaissent plus secondaires : 37% souhaiteraient avoir acceÌ€s aÌ€ Internet, 30% eÌ‚tre dans un eÌtablissement accueillant les animaux de compagnies (aspect qui ne touche pas directement l’ensemble des Français), 27% avoir acceÌ€s aÌ€ des services lieÌs aÌ€ l’estheÌtique et 11% avoir acceÌ€s aÌ€ la culture.
En matieÌ€re de prise en charge, la qualiteÌ de celle-ci pour soi mais eÌgalement ses proches prime
Toujours en se projetant dans leur propre fin de vie mais cette fois-ci inviteÌs aÌ€ hieÌrarchiser l’importance de dimensions lieÌes aÌ€ la prise en charge, les Français deÌclarent souhaiter eÌ‚tre eÌcouteÌs avant toute autre chose, et beÌneÌficier d’un acceÌ€s garanti aÌ€ un service speÌcialiseÌ dans les soins palliatifs. Ces dimensions sont toutes deux citeÌes en premier par 23% des personnes interrogeÌes (et respectivement 64% et 57% au total).
A un niveau leÌgeÌ€rement moindre mais eÌgalement eÌleveÌ, le fait de savoir que ses proches sont eux aussi accompagneÌs apparaiÌ‚t eÌgalement comme une prioriteÌ (18%, et 59% au total).
L’accompagnement des proches eux-meÌ‚mes constitue un enjeu fort, souvent sous-estimeÌ ou peu pris en charge pour le moment (selon plusieurs professionnels rencontreÌs). Il manque aujourd’hui des dispositifs pour accompagner les proches des personnes malades (aussi bien les parents, le conjoint, les freÌ€res/ sœurs, les enfants, les grand – parents) :
- En amont par un travail d’information et de peÌdagogie, a minima deÌ€s le stade de deÌcouverte de la maladie par exemple.
- Au cours de la maladie, par un acceÌ€s aux informations meÌdicales et aÌ€ leurs reÌpercussions, avec la mise en avant du droit de savoir et d’avoir acceÌ€s aux donneÌes meÌdicales quand on en fait la demande expresse, sous reÌserve d’accord du patient.
- Mais aussi en aval, avec : les groupes de soutien, groupes de parole post-deuil ; le soutien aÌ€ la meÌmoire, via le lien post-mortem avec les eÌtablissements ouÌ€ a reÌsideÌ le patient deÌceÌdeÌ (livre d’or, carte de vœux).
Au-delaÌ€ de l’anticipation de la fin de vie, il importe eÌgalement pour les professionnels de santeÌ rencontreÌs de deÌployer davantage de financements pour mettre en place des solutions permettant de soulager ponctuellement les accompagnants familiaux de leur charge : relais psychologique, maisons ou seÌjours de reÌpit, multiplier l’intervention d’auxiliaires de vie aÌ€ domicile et d’acteurs permettant aux accompagnants de se faire aider eux-meÌ‚mes dans toutes les dimensions de la vie familiale ou tout simplement de pouvoir souffler un peu, multiplier les groupes de soutien aux aidants.
Par ailleurs, on peut noter, aÌ€ la lecture des reÌsultats de l’eÌtude quantitative, que les eÌleÌments lieÌs aÌ€ l’accompagnement et aux aides semblent plus secondaires meÌ‚me si ils sont citeÌs par une part non neÌgligeable des reÌpondants : 44% souhaiteraient eÌ‚tre informeÌs sur leurs droits en tant que personne en fin de vie (14% le cite en premier), 40% voudraient avoir acceÌ€s aÌ€ des meÌdecines alternatives et compleÌmentaires aÌ€ leur traitement (dont 14% en premier) et 36% souhaiteraient beÌneÌficier d’un accompagnement psychologique (dont 8% le cite en premier).
Les rédacteurs de l'étude menée pa l'IFOP
Etude quantitative IFOP
Anne-Laure MARCHAL – Directrice d’eÌtudes Lucile BELMONT – ChargeÌe d’eÌtudes DeÌpartement Opinion et StrateÌgies d’Entreprises
Etude qualitative IFOP
Marie GARIAZZO – Directrice adjointe AureÌlie GURDAL – ChargeÌe d’eÌtudes senior
Téléchargez l'enquête d'octobre 2017 cliquez ici
Téléchargez l'enquête quantitative de juin 2017 cliquez ici
Téléchargez le rapport détaillé - Les solutions et pistes d’avenir relatives aÌ€ l’accompagnement des personnes en fin de vie en France. d'octobre 2017 cliquez ici