Les médecins généralistes franciliens organisent la prise en charge coordonnée à domicile pour des patients complexes : 84 % d’entre eux sont en affection de longue durée (ALD), 59% sont atteints de plusieurs pathologies et 25 % présentent une décompensation aigue de maladie chronique. Ces patients présentent deux de ces caractéristiques. Les personnes âgées dépendantes représentent 83 % de ces patients (63 % ont recours à des auxiliaires de vie ou à des aides ménagères).
En Ile-de-France, les médecins généralistes prennent en charge, en moyenne, 6 patients complexes à domicile par semaine.
Dans 97 % des cas, les médecins généralistes travaillent en coordination avec les infirmiers et les kinésithérapeutes libéraux, avec les auxiliaires de vie, les aides-soignants et les aides ménagères. Des aidants bénévoles (proche, famille, voisin…) sont également impliqués dans plus de la moitié des situations (55 % des cas).
Cette coordination est réalisée essentiellement par téléphone (89 % des situations) et via des réunions physiques au domicile du patient (33 % des situations).
Les médecins généralistes mettent en avant 3 freins à l’organisation quotidienne de ce maintien à domicile :
- Un déficit de structures relais ou de professionnels relais pour 52 % des généralistes ;
- L’absence de rémunération (nomenclature) pour le temps passé pour la coordination et la prise en charge de ces patients complexes pour 43 % ;
- L’insuffisance du montant de la rémunération pour la visite à domicile pour 98 % des médecins interrogés. Actuellement, les médecins libéraux sont rémunérés 35€ pour une visite à domicile, dont le temps moyen est estimée à 49 minutes, soit trois fois plus de temps qu’une consultation au cabinet.
En Ile-de-France, 5 % des HAD sont prescrites par un médecin libéral, alors que 71 % des médecins généralistes libéraux savent qu’ils peuvent la prescrire. Ils semblent privilégier une organisation entre acteurs de proximité pour la prise en charge à domicile de leurs patients, plus fluide et adaptée à leur exercice.
L’URPS Ile-de-France constate que les médecins libéraux prennent en charge des patients présentant des modes de prise en charge équivalent à ceux de l’hospitalisation à domicile (HAD) pour un coût bien moindre puisque le coût moyen d’une journée de prise en charge HAD est estimé à 196€ par l’Assurance Maladie.
A la lumière de ces enquêtes et à l’heure du virage ambulatoire promu par les pouvoirs publics, l’URPS appelle de ses vœux des mesures urgentes pour faciliter la prise en charge coordonnée à domicile des patients par les médecins libéraux :
- une hausse de la rémunération de l’acte pour la prise en compte du temps passé (souhaitée par 98 % des médecins),
- l’instauration d’un transport des patients jusqu’au médecin (souhaitée par 47 % des médecins libéraux),
- la mise en place d’un service dédié aux visites à domicile (souhaitée par 41% des médecins libéraux),
- la mise en place d’outils de coordination entre médecins et les autres professionnels de santé libéraux (souhaitée par 27 % des médecins).
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* « Maintien au domicile des patients : le rôle clé du médecin généraliste » Enquête quantitative auprès de 9 118 médecins généralistes exerçant en Ile de France, par questionnaire envoyé par courrier avec doublage par mail pour 3 847 médecins, entre juin et septembre 2016, taux de réponse : 6 %, soit 533 médecins.
« Le médecin libéral au domicile du patient : un enjeu de santé publique ? » Enquête quantitative auprès de 11 479 médecins généralistes, cardiologues, gériatres, pédiatres et rhumatologues exerçant en Ile de France, par questionnaire envoyé par courrier avec doublage par mail 4 946 médecins, entre janvier et février 2017, taux de réponse : 10.8 %, soit 1 215 médecins.