« Le maintien à domicile (MAD) des personnes âgées est un réel enjeu pour les pharmaciens d’officine qui, en tant qu’acteurs de soin de proximité, sont des observateurs attentifs des besoins et des attentes de ces patients-clients fragiles ». Dès lors que la prise en charge des personnes âgées fait partie des fondamentaux du métier de pharmacien, il était légitime, selon la présidente de l’association Pharma Système qualité (PHSQ), Laëtitia Hible, que PHSQ se joigne au Comité de valorisation de l’acte officinale (CVAO) pour interroger les officinaux sur leur perception de la fragilité chez les personnes âgées et sur leur capacité à les prendre en charge lorsqu’elles devenaient dépendantes.
D’autant que le bilan de médication fait partie des nouvelles missions qui leur ont été dévolues ; avec un réel challenge à relever, puisque 57 % déclarent ne pas en avoir réalisés. Les 589 pharmacies engagées ou non dans la démarche de certification qualité et ayant répondu à l’enquête conduite par PHSQ ont largement manifesté un véritable intérêt pour les personnes âgées.
Mieux ! Les réponses des pharmaciens démontrent une réelle connaissance de cette partie de leur clientèle-patientèle quand bien même près des deux tiers de ces pharmacies (65 %) ne travailleraient pas avec des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD).
Ils savent ainsi si « les personnes âgées fréquentant leur officine viennent à pied (49,6 %), en voiture (39,5 %) ou accompagnées (11 %). De même sont-ils capables de préciser si ces clients-patients âgés sont accompagnés rarement (16,1 %), parfois (63,3 %) ou souvent (20,4 %).
Les pharmaciens ayant répondu à cette enquête sont également capables d’évaluer le niveau d’autonomie des personnes âgées dépendantes. Ils savent, par exemples, si le patient âgé ne pouvant plus venir à l’officine préfère envoyer une personne qui ne s’occuperait pas de son traitement (39,7 %) ou plutôt une infirmière diplômée d’Etat (IDE) ou encore une personne s’occupant d’elle en tant qu’aidant (41 %). Et dans 19,3 %, les pharmaciens livrent eux-mêmes leurs traitements à ces clients-patients âgés bien que ce service de livraison ne fasse pas partie de l’ensemble des services proposés aux clients.
Légitimes à prendre en charge les personnes âgées et conscients de leur rôle d’acteurs de proximité, les pharmaciens ne semblent toutefois pas pleinement mesurer les critères de la dépendance. La perte de poids, qui est par exemple le critère le plus mesurable dans la représentation de la dépendance, est l’un des moins cités (25,1 %) loin derrière celui de « la difficulté à gérer le quotidien » (98,1 %).et de celui de l’isolement dû à « l’incapacité de se déplacer » (87,8 %).
Le questionnaire permet en outre de mieux comprendre les demandes des patients-clients âgés et les difficultés auxquelles sont confrontés les pharmaciens. Les réponses révèlent ainsi une réelle conscience, chez les officinaux, de devoir assumer leur rôle de spécialiste du médicament. Dans 76% des cas, par exemple, ils estiment que la dispensation est rendue ardue par une difficulté de compréhension ; avec à la clé une inobservance constatée fréquemment dans 49,1 % des cas.
Les officinaux s’emploient donc à expliquer le plus clairement possible et avec une réelle pédagogie ce qu’ils dispensent ; d’autant que les personnes âgées déclarent le plus fréquemment (71 %) « avoir trop de médicaments et s’y perdre ». De même ont-ils conscience que leurs clients-patients âgés sont confrontés à la difficulté « de bien s’alimenter et de boire régulièrement » ; quand bien même les personnes âgées ne parleraient quasiment jamais de cette problématique (moins de 2 % des cas).
L’importance du pharmacien dans la surveillance et la prise en charge des personnes âgées n’est donc plus à prouver. D’autant que dans une société vieillissante, le maintien à domicile des personnes âgées est un enjeu majeur. A charge dès lors aux officinaux de disposer de critères objectifs et de réels traceurs dans le cadre d’une organisation appropriée avec des process que seule une démarche qualité peut garantir, comme le révèle cette enquête présentée lors du colloque annuel du CVAO.