La dépendance touche 8% des seniors. Plus de quatre millions de nos concitoyens, familles, bénévoles ou professionnels, les accompagnent quotidiennement à domicile ou dans des structures spécialisées. Nous sommes tous concernés, nous vivons plus longtemps avec plus de maladies chroniques aux séquelles invalidantes et on estime à près de deux millions le nombre de personnes âgées dépendantes en 2040.
Au moment où le gouvernement prépare le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) et devrait proposer un panier de soins pris en charge par la solidarité nationale ainsi que des mesures visant à réguler le système des complémentaires-santé, le financement de la dépendance ne peut pas être passé sous silence.
L’essentiel de la solidarité en faveur des personnes âgées dépendantes relève de la sphère familiale avec une charge financière qui progresse et des financements publics qui atteignent leurs limites. Le coût moyen mensuel d’une prise en charge est estimé à 2200 € à domicile et 2500 € en établissement pour une retraite complétée par l’allocation perte d’autonomie de 1800 €. La prise en charge de la perte d’autonomie doit être solvabilisée en rendant obligatoire l’assurance de ce cinquième risque et en renforçant les aides financières pour les plus démunis.
Malgré les efforts consentis, les maisons départementales de personnes handicapées sont surchargées de travail. Moins de 50% des dossiers sont traités dans les quatre mois suivant leur dépôt. Il est ainsi difficile d’obtenir dans des délais raisonnables l’Allocation Personnalisée d’Autonomie qui permet de couvrir une partie des frais d’aide à domicile à la charge des patients et des familles.
L’évaluation du degré de dépendance de la personne (GIR), indispensable pour l’ouverture des droits, doit être confiée au médecin référent ou au gériatre avec une rémunération de cette activité ; ceux-ci sont consultés dès le début de la pathologie, établissant déjà le certificat médical indispensable à la procédure. Les services départementaux, dont les difficultés humaines et financières ne peuvent que s’aggraver, pourront ainsi consacrer leurs moyens aux indispensables contrôles à posteriori ainsi qu’à l’aide aux familles qui cherchent à organiser une prise en charge à domicile ou en établissement.
Une convergence financière des aides allouées et de leurs conditions d’attribution, quel que soit l’âge de la personne à l’autonomie restreinte et l’origine de son déficit, est aussi une mesure à mettre en place pour répondre humainement et efficacement aux besoins des personnes âgées dépendantes, pour faciliter la coordination entre services de la sécurité sociale et du département et pour générer des économies par le rapprochement des organismes gestionnaires.
De 20 à 60 ans, la personne, qu’elle souffre d’un handicap présent dès l’enfance ou acquis à l’âge adulte, perd le financement de l’assurance maladie pour entrer dans l’aide sociale départementale pour son hébergement. A partir de 60 ans, la personne relève d’un régime et de droits différents alors qu'à handicap égal, ses besoins sont similaires à ceux d’une personne plus jeune.
Finalement, malgré les efforts consentis par les personnels soignants et sociaux, les moyens alloués à la prise en charge des personnes dépendantes doivent être plus importants. Cela nécessite la mise en place d’un véritable plan de formation aux métiers de l’aide aux personnes en perte d’autonomie incluant la reconnaissance des acquis pour les aidants familiaux ainsi que la création de statuts pour ces personnels. Cela nécessite aussi la reconversion de petits hôpitaux en établissements dédiés aux personnes en perte d’autonomie avec le personnel nécessaire à une prise en charge de qualité.
* AFD : association française dépendance